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Merci.
Moi aussi je parle de masques :
Je n’avais pas peur
Pas peur du virus. Pas peur de la police. Mes proches étaient comme moi et j’étais protégée, dans un milieu peu habité.
Lire les condensés, les courbes, les chiffres annoncés, ne me faisait
pas peur, au contraire, ils me dévoilaient l’arbitraire, le besoin de
croyance en une autorité que l’on reconnaîtrait ; voir les uns et les
autres tomber en panique, en délire au point de perdre leur bons sens,
leur raison, me peinait mais ne m’inquiétait pas trop puisque je savais
cela temporaire. Au bout de quelques temps, quand l’histoire sera
terminée, par respect les uns des autres, on n’en parlera plus. Nous
aurons juste à écoper les miasmes politiques. On ne s’entre-tuera pas
pour savoir qui en est la cause. On aura appris un peu de tolérance.
Et puis, contre toute attente, notre nouveau gouvernement qui, pour
notre malheur, conjugue harmonieusement la folie de Sarkozy à celle de
Macron, avec juste en vitrine quelques mannequins de circonstances,
déclare, à partir du 20 juillet, étouffez-vous obligatoirement sous vos
masques, dans ces lieux publics clos dont le sens échappe aux plus
perspicaces d’entre nous.
Ce matin, je passe à la pharmacie pour chercher quelques granules, le
masque baillant sous mon nez, sale comme mes chaussettes à force de
traîner dans mon sac ; personne ne me dit rien, je paye et sors, comme
d’habitude. Puis je passe au supermarché, les nouvelles épiceries de
bourg, pour faire quelques courses, et là, quelque chose a changé : tout
le monde, tout le monde porte un masque.
Au plus fort de la pandémie médiatique, des pics affolants de morts
tous azimuts annoncés dans nos médias bienveillants, dans un temps
encore de doutes et d’ignorance, personne ou presque ne portait de
masque. Je fais mon chemin comme si je n’avais rien vu, la fromagère ne
me dit rien, on se connaît, on échange deux mots : bonne journée, je
continue dans les rayons sans croiser de regards assassins, je ne me
fais pas coincer puis tabasser par deux flics qui passaient, personne
n’appelle au secours, j’arrive à la caisse et me fais gronder : vous
n’avez pas de masque ? Non ! Mais c’est obligatoire ! Ah bon ? j’avais
entendu parler du 1er août… et je sors.
Et soudain je ressens avec une force écrasante, la capacité
d’obéissance, dont je ne sais pas de quelle nature elle est, désinvolte,
apeurée, dans la crainte du flic, dans la peur du virus, dans
l’habitude d’obéir… et je flippe !
Je ne suis pas nerveusement atteinte, anxieuse ou excitée, mais, dans
la voiture au retour, je me demande comment j’aurais tenu le coup si
j’habitais en ville ! Et je ressens toute l’énormité du poids de la
dictature, arrivée et non plus en marche.
Alors j’ai écrit cet appel ; même si ça ne sert à rien d’écrire un
appel, sauf à me soulager et peut-être à en réconforter deux ou trois
qui, tombant dessus s’en trouveraient réconfortés.
Voici
N’ayez pas peur du coronavirus,
Né d’un improbable mariage digne d’un conte de fée, entre une
chauve-souris et un pangolin, ou bien d’un roman de science-fiction dans
un laboratoire aux hypothétiques volontés de nuire, il n’est en réalité
qu’un frère, un cousin, de milliers de virus bien connus, très communs.
Sa naissance mythique a précédé sa destinée inédite ; caché sous des
monceaux de conflits d’intérêts, de querelles de personnes, de sincérité
vraie ou de vilains mensonges, il n’a pas été traité comme il le
méritait.
L’impuissance avérée des puissants, la peur dévoilée des
responsables, les contradictions des ordres donnés, ont engendré un
désordre jamais vu dans une société qui vivait déjà des chamboulements
politiques et sociaux. L’insécurité préexistante, la précarité
généralisée, l’avenir sans phares ni balises, furent le terreau de la
panique, la cause du délire, l’écroulement des croyances.
Aussi, observons ce qui se passe : les violences policières, les
répressions pour ceux qui tentent de vivre normalement et sans nuire, ou
bien les échappées défoulant les frustrations, les souffrances intimes,
les violences familiales, le chômage et la viduité d’un quotidien
interdit, les énergies sans but, tout un inhabituel qui prétexte
l’obéissance aveugle, une docilité et son pendant la haine de l’autre,
et qui nous mène tout droit à l’horreur d’une dictature, d’une guerre
civile et son anarchie.
Réveillons-nous les uns les autres, n’écoutons plus le radotage
médiatique, n’enfonçons pas le clou de la panique ; au contraire
éloignons la menace en en démontrant l’illusion.
Puisque le pouvoir interdit, réprimera, je lance un appel à la
désobéissance, à former des réseaux de résistance et de soutien. Ne
portez plus vos masques, inutiles.
Avant qu’il ne soit trop tard.