@microf
Suite et fin du Discours de Sékou Touré á De Gaule le 25 Août 1958 á Conakry.
" En effet, les Territoires actuels d’AOF et d’AEF ne doivent pas être des entités définitives.
L’immense majorité des populations intéressées veut substituer aux
actuelles entités AOF-Togo et AEF deux Etats puissants fraternellement
unis à la France.
Des considérations humaines et sociales autant qu’économiques et
politiques plaident en faveur de la constitution de ces Etats qui seront
dotés de Parlements et de Gouvernements démocratiques.
Ces grandes perspectives qui vont pouvoir accélérer l’histoire de nos
pays, en leur permettant de transcender les particularismes et les
égoismes ou plutôt leurs contradictions internes, demeurent pour notre
génération la voie la plus s&ucir;re, la plus directe qui aboutit à
la Paix et au Bonheur.
Ces mêmes perspectives, positives pour les Territoires d’Outre-Mer et
pour la Grandeur de la France dans le monde, exigeront de nous,
Africains, Malgaches et Français, des efforts pIus grands, à la fois
plus nobles et plus exaltants que ne l’aurait exigé la solution
destructive d’une séparation.
Je rappelle souvent que la vie de l’homme va de zéro à cent alors que çelle de nos peuples est éternelle.
Nous sommes quant à nous Africains de Guinée, sûrs que notre courage et
notre loyauté, notre communion d’action créatrice de biens, et notre
amour de la Justice et du Progrès sauront conduire, à travers le temps,
notre future Communauté avec toujours plus de Puissance, et dans la
Prospérité et la Liberté. Pour résumer la position guinéenne vis-à-vis
du projet de Constitution qui fera l’objet du Référendum du 28
septembre, nous affirmons qu’elle ne sera favorable qu’à condition que
la Constitution proclame :
1.Le Droit à l’indépendance et à l’égalité juridique des peuples
associés, droit qui équivaut à la liberté pour ces peuples de se doter
d’institutions de leur choix et d’exercer dans l’étendue de leurs Etats
et au niveau de leur ensemble, leur pouvoir d’autodétermination et
d’autogestion ;
2.Le Droit de divorce sans lequel le mariage franco-africain pourra être
considéré, dans le temps comme une construction arbitraire imposée aux
générations montantes ;
3.La Solidarité agissante des peuples et des Etats associés afin d’accélérer et d’harmoniser leur évolution.
Dans l’intérêt bien compris des peuples d’Outre-Mer et de la France,
nous osons penser, Monsieur le Président, que votre Gouvernement saura
proposer au Référendum un projet de Constitution tenant compte, non pas
des conceptions juridiques basées sur un régime impopulaire, mais
seulement des exigences exprimées par des peuples mûrs, tous
solidairement et fermement décidés de se construire un Destin de
liberté, de Dignité et de Solidarité fraternelle pour la Communauté
Multinationale que sera l’Association de nos Etats, pour l’Unité et
l’Emancipation de l’Afrique :
Vive la Guinée !
Vive la France !
"