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Commentaire de Surya

sur Tous héritiers de Michel Rocard sur l'immigration et la misère du monde ?


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Surya Surya 26 août 2020 17:21

@S.B.

« C’est une question que vous évitez, »
vous avez à la fois tord et raison. Je l’évite dans le sens où, bien que je sois parfaitement consciente de ces problèmes, contrairement peut-être à ce que vous pensez (je ne suis pas aussi stupide que je le laisse paraître), je ne sais pas du tout quelles solutions on peut y apporter.

La seule chose que j’essaye de faire, c’est de rechercher la racine du problème, et il me semble avoir trouvé une partie de l’explication.
En ce qui me concerne, je suis intimement persuadée que le racisme et la xénophobie ont largement contribué à la montée du communautarisme, qui augmente d’année en année, et lorsque le communautarisme s’est installé, ça favorise la montée des extrémismes.
Tout ça, je le sais bien, mais je crois qu’il faut remonter à la racine du problème pour en avoir une vision complète et globale, pas juste ne voir qu’une tranche du problème. Mieux comprendre le problème, prendre en compte toutes ses dimensions est, j’en suis sûre, indispensable pour celles et ceux qui cherchent à y remédier. Or, personne ne le fait. Personne ne tient compte du rejet que certains subissent, ou plus exactement personne ne veut l’admettre, et qui fait que quand on se sent rejeté, eh bien on se replie sur soi. 
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Vous avez tord dans le sens où je suis parfaitement ouverte à tout débat sur tous les sujets, mais à quoi ça servirait de parler de ça pendant des heures quand on n’a aucune solution à proposer ?
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« Et donc, vous parlez sans savoir. Vous imaginez. » non, du tout. Je suis moi même fille d’immigré, et petite fille d’immigré de l’autre côté de ma famille. Et puis j’ai suffisamment, dans ma vie, fréquenté d’immigrés de toutes origines pour avoir pu être l’oreille écoutant attentivement (les oreilles ayant aussi un coeur, pas que les yeux) ce qu’ils me racontaient de leur quotidien, du racisme qu’il subissaient, parfois un racisme subtil, sournois (mais les petites gouttes d’eau font de grands lacs à la fin) et être même témoin moi même de xénophobie et de racisme.
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Pourquoi certains se replient sur eux mêmes et pas d’autres ? Je ne le sais pas plus que vous. Ca dépend de tellement de choses ! Notamment le degré de rejet que l’on a subi, son niveau d’instruction, son niveau social, ou par exemple vivre dans des banlieues horribles oubliées des services publics, banlieues qui étaient la fierté de la France des trente glorieuses lorsqu’elles ont été construites, mais qui ont immédiatement été décriées lorsque dès que les premiers habitants s’y sont installés (dès le tout début des années 60, on a commencé à parler de « sarcellite » par exemple)....
Pour les familles ayant un niveau social élevé, qui ont des diplômes élevés, un niveau de vie très bon, l’intégration s’est faite dans de meilleures conditions, mais pour beaucoup de familles d’ouvriers non qualifiés immigrés, ça a été très dur. N’oubliez pas que certaines familles immigrées vivaient dans des bidonville horribles, sans eau et sans électricité (ex : le bidonville de La Folie, à Nanterre).
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Vous ne pouvez pas nier que si un jeune d’origine maghrébine, disons, donne à un employeur une adresse située à la Grande Borne, aux 3000, aux 4000, au Val Fourré, à Grigny 2**, aux Francs Moisins, au Val d’Argent, aux Mureaux, Tarterêts, au Mirail ou aux Minguettes, pour ne citer que ces « quartiers », il a moins de chances de voir son CV aboutir que s’il donne une adresse dans un coin plus bourgeois.
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Ce genre de quartiers, coupés du reste, que certains jeunes ne quittent jamais car c’est le seul endroit où ils se sentent chez eux et où on ne les regarde pas de travers, sont le lieu idéal pour une concentration des problèmes. C’est monstrueux d’avoir construit des horreurs pareilles, coupées de tout en plus, mais à la fin des années 50, et durant les années 60, c’est ce qui semblait le mieux. Personne, à l’époque, ou en tout cas pas grand monde (bien que le terme « sarcellite » date du tout début des années 60 comme je le disais plus haut) ne s’est posé la question de savoir si la vie allait y être agréable et encore moins s’ils ne risquaient pas de devenir des ghettos. Les pouvoirs publics se seraient même rendu compte que ce n’était pas forcément une bonne chose de mettre tous les services de proximité (école, supermarché...) à l’intérieur même de la « cité » car du coup, les gens n’en sortaient plus du tout !
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Petit à petit, les tout premiers habitants ont réussi à en partir, montant en niveau social et parvenant ainsi à accéder à la propriété (le rêve de la maison individuelle), mais les personnes suivantes qui les ont remplacés, la plupart d’origine immigrée, avec le chômage qui s’est brutalement installé après 75, la discrimination à l’embauche... etc... n’ont pas réussi à s’en extraire. N’oublions pas que ces quartiers avaient une bien meilleure mixité sociale à leurs tout débuts, parce que les gens y croyaient, à coup de publicité alléchantes, certes, mais ils y croyaient, à ces nouveaux quartiers, ces « villes nouvelles », ces « grands ensembles », mais les gens se sont vite rendus compte qu’en fait c’était pas génial de vivre dans cet environnement, et les plus aisés en sont partis assez rapidement. Les autres n’ont pas pu partir.
C’est donc, je crois, le chômage en tout premier lieu, le niveau social bas, la non mixité sociale, et le tout pimenté d’une sacré dose de racisme et de xénophobie (si, si), qui sont la racine des problèmes que nous vivons actuellement dans certains de ces « quartiers ».

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Maintenant, quelle solution apporter ? Quelle solution est la meilleure ? J’en sais rien, moi. Comment pourrais-je le savoir ? 
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« (et cela n’a rien à voir avec votre photo) » ben je viens de la changer, na ! Comme ça au moins si on me redis ce genre de choses, je ne pourrai plus faire le rapprochement avec la photo. J’espère qu’un soleil souriant (surya veut dire soleil en sanscrit) vous convient.  smiley
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** Bien que Grigny 2 soit une copro, pas des HLM, mais cette copro cumule beaucoup de problèmes. L’état rachète apparemment les logements mis en vente à des prix ridiculement bas -personne ne veut aller là bas ! pour les empêcher de tomber entre les mains de marchands de sommeil, ce qui a été le cas auparavant, mais à ma connaissance ça reste encore une copro, et Grigny 2 a mauvaise réputation.


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