Un homme d’une cinquantaine
d’années, paralysé (en fauteuil roulant) mais avec un usage très limité de ses
bras avait fait plusieurs tentatives de suicide (en essayant de tomber de son
fauteuil). A sa dernière tentative, il avait réussi à se planter un crayon dans
l’œil. C’est là qu’il a atterri dans notre service (soins intensifs, en
Australie). Que dire ? Notre boulot a bien sûr été de le soigner, mais,
des fois, dur, dur….
Quand la médecine
d’aujourd’hui ne peut soulager les douleurs d’un patient éveillé (on peut plonger des patients dans un coma
artificiel en partie pour soulager la douleur, comme les grands brûlés, mais ce
sont des mesures « temporaires »), franchement leur vie risque d’être
un enfer…
Et mourir de faim
et de soif, c’est une lente agonie, croyez-moi, il n’y a que ceux qui n’ont
jamais assisté à une telle souffrance qui peuvent préconiser ça, au lieu d’une
simple injection, ou « sédation profonde », qui, oui, est
techniquement provoquer la mort.
On a aussi
terriblement peur des mots, et n’osons en général pas regarder la mort en face
non plus. Je dois avouer que j’ai quelquefois « prier » pour que certains
de « mes » patients meurent, pour qu’ils cessent d’être ces pauvres
corps torturés, perfusés, tournés et
retournés, insérés par toutes sortes d’aiguilles et de cathéters… quelquefois
la douleur dans leurs yeux, et la souffrance des proches, qui veillent et
essaient d’être braves, et nous au milieu, à essayer d’atténuer un peu tout ça…
Alors oui, une
aide à mourir pour ceux qui le demandent, dans un cadre très strict. Mais ça
sera sans doute compliqué, car une loi entraîne aussi des abus, par définition
(la nature humaine…)
Maintenant les
vieux dont on s’occupe à peine et sur lesquels on se fait du fric dans les « maisons
de retraite » (ah le beau retrait !), c’est encore une autre histoire……