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Commentaire de c481

sur Conflit Azerbaïdjan-Arménie et le droit international


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c481 2 octobre 2020 10:18

Bonjour Alain,

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Le droit, fût-il international, est parfois contradictoire.

En l’occurrence, le droit à l’auto-détermination des peuples, lorsqu’il a pour conséquence la sécession d’une région (exemple récents : Kosovo, Timor Oriental, Soudan du Sud... ) se trouve nécessairement en opposition avec le principe de l’intangibilité des frontières.

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Dans le cas présent, il convient de distinguer :

D’une part, l’ancienne république autonome du Haut-Karabakh, très majoritairement peuplée d’arméniens, qui réclament et exercent depuis 1988 leur droit à l’auto-détermination ;

D’autre part, les régions adjacentes, peuplées d’azéris (régions d’Agdam, Fizuli, Jebrail, Zangilan...) ou mixtes arméno-azéri-kurdes (district de Kelbadjar) conquises entre 1992 et 1994 par les arméniens du Karabakh, après avoir repoussé les assauts du gouvernement azerbaïdjanais. Ces régions pourraient revenir à l’Azerbaïdjan, lorsqu’une paix durable sera envisageable.

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Les résolutions des Nations-Unies adoptées en 1993 ne disent pas autre chose.

Jusqu’à présent, ce qui a bloqué la restitution de ces régions (en échange de la reconnaissance de la sécession de l’ancienne république autonome), c’est du côté arménien, la peur et la conviction que ces régions seraient utilisées par l’Azerbaïdjan pour lancer de futures offensives, et du côté azéri, la volonté affichée de reconquérir l’intégralité du territoire y compris la région peuplée d’arméniens, ce qui entraînerait immanquablement une campagne de nettoyage ethnique à leur encontre.

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Les arméniens et les azéris vivaient en paix ensemble, oui... Lorsque le pays en question était fermement tenu par l’empire tsariste d’abord, puis par l’Union Soviétique. 

Et encore... des éruptions de violence inouïe ont eu lieu dès 1905-1907 (massacres arméno-tatars ; c’est-à-dire arméno-azéris).

Rappelons aussi que si les arméniens du Karabagh ont été épargnés par le génocide de 1915 (la région était alors sous contrôle russe), ils ont à leur tour été victimes de massacres entre 1918 et 1920 (culminant en mars 1920 lors du massacre de Chouchi, aujourd’hui Stepanakert : 20 000 arméniens exterminés, ce qui est considérable pour une région aussi faiblement peuplée).

Pour des raisons obscures, lors du découpage des différentes républiques soviétiques en 1921, le comité central bolchevique a décidé de rattacher la république autonome du Haut-Karabagh à l’Azerbaïdjan, alors même qu’elle était encore peuplée de 90% d’arméniens, en dépit des massacres.

Cette proportion est tombée à moins de 75% dans les années 1980, en raison des discriminations (y compris des destructions de villages) pratiquées par les autorités azerbaïdjanaises contre les arméniens.

N’oublions pas non plus que les azéris sont très proches des turcs, au point que le gouvernement d’Erdogan clame « Deux Etats, Une Nation ! »... Or, même si cette idée idée n’est pas partagée par tous les turcs, le vieux rêve pan-turc d’une unification de la Turquie et de l’Azerbaïdjan vient buter sur l’Arménie, qui est en quelque sorte le chaînon gênant.

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Comment s’étonner alors que les arméniens du Haut-Karabagh aient demandé dès 1988 la sécession de leur république autonome ?


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