Tout cela vient de très loin. Hélène Carrère d’Encausse avait défrayé la chronique quand, à la fin des années 70, elle affirmait que l’islam était un des plus grands risques de dislocation de l’état soviétique. Faut il rappeler l’Afghanistan, les étudiants dits islamiques, Khomeiny, accueilli par la France, acclamé à son retour en Iran, et qui prétendait qu’il allait rendre le pouvoir au peuple...
En France,, pays des droits de l’homme, et qui assumait mal les lendemains de décolonisation, quiconque pointait le risque de collusion entre prêcheurs islamiques, et projet politique, se faisait ricaner au nez, ou traité de réactionnaire. Il ne fallait pas désespérer les cités, comme naguère, il n’avait pas fallu désespérer Billancourt. C’est à dire dire la vérité sur le risque de contagion sectaire, comme il avait fallu fermer sa gueule sur la réalité soviétique.
De toute façon la patrie des droits de l’homme mixerait toutes ces contradictions, qui renforcerait nos convictions sur les vertus du pacte républicain, de plus en plus inspiré par le mirage métissé et publicitaire inspiré par Benneton, et son united colours.
C’était le mirage de la mondialisation heureuse et des potes qu’il ne fallait pas toucher. Quiconque le critiquait était taxé et encore taxé de réactionnaire. La beaufitude, courant cholestérol gras, dénonçait le péril jaune et l’islamisme. Comme si les chinois allaient nous prendre des parts de marchés, et les islamistes des parts de cerveaux ! Ces gens là avaient des excuses. Il n’avaient pas fait d’études. On allait patiemment leur expliquer...
Le livre de Salman Rusdie, surtout la fatwa sont l’écrivain fut un électrochoc . Tout le monde se rua dans le beau monde en librairie, comme plus tard ils allèrent acheter Charlie. Entre les deux la France avait bien changé. Des quartiers étaient fermés, même si ce n’était pas aussi visible qu’au cap et à Soweto.
La lèpre communautariste, s’étendait en grande couronne, puis dans les petites villes de province, même si on n’en faisait pas des cartes comme celles de l’extension du covid. Mafia n’était pas un mot tendance pourtant. Ou préférait le terme de minorité et de discriminés. Il ne manquait plus que l’islamisme radical des prêcheurs à s’allier avec les grands frères, pour boucler tout à fait l’affaire, et faire alliance tri partie, dans ce contrat entre l’économie souterraine et le prosélytisme religieux, à visée politique. Le voile était devenu un étendard des discriminés, que certaines féministes, pas bégueules sur la contradiction, défendirent ardemment. Il fallait défendre leurs consœurs. C’était toute une danse des sept voiles que n’aurait pas renié Shéhérazade.
Officiellement la France républicaine, indicible était toujours la même. Il fallait porter toujours le message de l’égalité sur tous le territoire. Même si les pompiers, les facteurs, les profs, les infirmiers, les médecins, enfin tout ce qui porte uniforme, étaient pris pour des envahisseurs. On se rejouait le scénario de la casbah d’Alger dans les escaliers sans connaitre deux mots de l’histoire, sinon qu’on avait été discriminé grave, et que les droits l’emportaient sur les devoirs. Des éléments d’analyse qui n’étaient pas trop compris quand les bi nationaux revenaient au pays. L’intelligence était restée la bas. Il nous en revenait des échos. Des intellectuels se mobilisaient contre l’islamisme radical en Algérie au cours de ces années noires. Pour nous c’était encore des années grises. J’arrête là la ballade dans le balancier de couleurs. Chacun apportera les siennes. Ce prof est mort d’avoir combattu des valeurs qui n’étaient plus soutenus assez depuis très longtemps. C’est dans cet écart de discordance que se produit la violence. Mais voilà de nouveau le moment des chœurs funèbres. Garde à vous