Priver les Français de nature, la société de contrôle jusqu’à l’absurde
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Extrait :
Alors que le gouvernement enjoignait à la population de reprendre le travail, le contraste devenait saisissant à mesure que le confinement durait, entre les plages désertes et les métros bondés, les grandes surfaces saturées de monde et les forêts silencieuses. « Le virus circule d’abord dans des lieux confinés et denses. Au lieu de laisser la population se disperser en plein air, on l’a concentrée dans des zones réduites. C’est complètement absurde, s’emporte le professeur de santé publique et épidémiologiste Laurent Gerbaud. C’est sûr qu’il valait mieux que les gens restent dans les couloirs d’immeuble pour bien se contaminer les uns et les autres ! » ironise-t-il.
Dans un premier temps, les autorités ont justifié ces mesures en disant qu’elles permettraient de ne pas saturer les urgences. En réalité, « dans la majeure partie du territoire national, les urgences ont travaillé en sous-régime, à 60 % », relate Laurent Gerbaud. Par ailleurs, « se balader seul n’est pas de nature à inonder les services hospitaliers, dit l’accompagnateur en montagne Billy Fernandez. Sur environ 10 millions de pratiquants, la randonnée génère moins de 20 accidents mortels par an dans notre pays, alors que les accidents domestiques sont à l’origine de 20.000 morts chaque année. »
Plusieurs professionnels de santé ont pris position. En plein confinement, l’influent président de la Fédération des médecins de France, Jean-Paul Hamon, a invité le gouvernement « à donner de l’air aux Français » sur Franceinfo.
Si on ne laisse pas aux gens un peu de respiration tout en respectant les mesures barrière, on va avoir des personnes qui vont se retrouver en burn-out, en complète dépression, parce qu’ils ne supportent plus le confinement. Et puis, on va avoir des problèmes de couple, avec des violences conjugales qui commencent à se produire. »
Contacté par Reporterre, le psychiatre Christophe André voit dans cette interdiction « un terrible gâchis. De nombreuses études scientifiques ont prouvé que l’accès à la nature renforce notre immunité. Cette situation est d’autant plus regrettable qu’elle renforce les inégalités sociales et fragilise les populations les plus vulnérables, qui n’ont pas accès à des jardins privatifs. L’accès aux espaces naturels, ce n’est pas du luxe ».
Les autorités n’ont pas pour autant lâché du lest. « C’est comme si après avoir échoué sur les tests, les masques ou les élections municipales, le gouvernement avait voulu afficher un visage autoritaire et sanctionner la population pour faire peser sur elle la responsabilité de ses erreurs », analyse le guide de montagne Billy Fernandez.