S’il est élu, c’est parce qu’il sait lire AU DELA du signifié : En confirmation de l’adage de Lacan selon lequel « le Juif est celui qui sait lire », le commentaire midrashique ne prend en compte que les effets du signifiant, à l’exclusion des séductions de la signification. Le rabbin prend le texte à la lettre « pour, de sa collusion signifiante prise en sa matérialité : de ce que sa combinaison rend obligé de voisinage (donc non voulu), de ce que les variantes de grammaire imposent de choix désinentiel, tirer un autre dire du texte [12][12]Jacques Lacan, « Radiophonie », dans Scilicet 2/3, Paris,… ». La lecture midrashique considère ainsi que la langue détient la vérité du dire impliqué dans le flot des dits, que l’or du texte est épars dans le limon du discours et qu’il appartient au « lecteur » (étymologiquement celui qui recueille, legit) de séparer l’or du limon. Le Midrasch marque ainsi l’invention d’une écriture « pure », irréductible à toute inscription imaginaire et qui est donc l’équivalent d’une énonciation sans énoncé produisant l’évocation de la figure de la Lettre symbolique. À l’opposé des commentaires de bon sens des curés de village tirant des récits évangéliques des leçons de conduite pour leurs paroissiens, la tradition midrashique a ainsi nourri durant des siècles une lecture qui délivre la clef d’une éthique référée à la Lettre de la Loi, conservée et respectée en tant que telle. Tel est le principe qui rend compte de la « vitalité des Juifs [que l’on voit] animés d’une confiance particulière dans la vie, comme celle que confère la possession secrète d’un bien précieux [13][13]Sigmund Freud, L’homme Moïse, op. cit., p. 201-202. ».