La langue roumaine est comme toutes les langues.
Dans le milieu paysan traditionnel j’ai remarqué à quel point toutes les langues possèdent un vocabulaire particulièrement ordurier quand il s’agit de femmes. L’alsacien est à mon avis bien pire que le roumain de ce point de vue. Mais il y en a peu pour les « races étrangères ».
Ici où le racisme anti-Rom est encore très vivant, il y a peu de mots pour les désigner. On parle de « ciorii » (corbeaux) ou de « negri » (noirs), et même le mot « Țiganii » qui nous paraît neutre est ressenti comme injurieux. D’où la volonté d’utiliser un autre nom, malheureusement le nom choisi, « Romi » ou plus exactement « Rromi » pose un problème pour les roumains à l’étranger. Țigan vient de l’allemand Tzigeuner, c’est le mot qui en Français a donné « cigain », toujours pour désigner les Rom.
Le problème n’est pas tellement le nom, mais surtout l’intonation (réellement ou supposément) méprisante qui l’accompagne. Et globalement le discours qui l’accompagne.
Pour moi les races n’existent pas. Je fais la différence entre les innombrables imbéciles et les autres, tout en sachant bien que je peux aussi réagir comme un imbécile dans certaines circonstances. Pour moi un raciste est surtout un crétin, qui explique que si sa vie est ratée ce sont toujours les autres (ceux qu’il est facile de reconnaître au faciès) qui en sont responsables. Je connais des racistes vicieux, mais pas de raciste intelligent.
Si les races n’existent pas, le poids de l’histoire pèse lourd sur certaines communautés. Les siècles d’esclavage ou de servitude laissent des traces sur de nombreuses générations, qui restent longtemps apeurées et soumises avant de revendiquer leurs droits légitime. Les immigrés aussi, main d’oeuvre bon marché et ayant perdu leur culture, rentrent dans cette catégorie. Et comme il est facile de se moquer de ces pauvres gens, ou de les insulter. Ca ne nécessite aucun courage : ça aussi c’est le racisme. Imbécile et lâche.