Les croyances populaires n’ont souvent pas grand-chose à
voir avec la théologie et ses dogmes.
Par exemple, dans l’antiquité, pour s’assurer la protection des
dieux, il fallait sacrifier une personne humaine. Des rites semblables
existaient aussi chez les Aztèques au 14e et chez les Dogons du
Mali, ainsi qu’au Dahomey (actuel Bénin).
Le christianisme a interdit les sacrifices humains, mais a
continué à tolérer le sacrifice des animaux dits « chtoniens »,
c’est-à-dire ceux qui voient dans les ténèbres ou vivent sous terre, dans le
royaume du diable.
Ce sont les chats et les chouettes qui ont payé le gros
lourd de l’addition :
- le chat, parce qu’on croyait que les sorcières
se métamorphosaient la nuit en chat noir,
- la chouette, parce que son cri était supposé
annoncer une mort imminente.
L’Église catholique n’ignorait pas ces pratiques puisque,
pendant tout le Moyen Âge, le chat apparaissait
souvent dans les procès de sorcellerie, où il était accusé de participer aux
sabbats. Pendant le Carême, on organisait des bûchers sur lesquels on brûlait
des centaines de chats noirs. Après le rituel, les badauds récupéraient une poignée
de cendres, qu’ils allaient répartir autour des maisons et dans les champs. Le
dernier autodafé de chats a eu lieu à Metz, à la Saint-Jean, en 1777.
Or, pour les théologiens, l’aversion à l’égard des chats et
des chouettes n’a rien à voir avec ces pratiques « magiques » (magie
noire). Il se trouve que chez les Égyptiens, les chats étaient sacrés, et
personnifiaient la déesse Bastet, et chez les Grecs, la chouette était l’animal
sacré de la déesse Athéna, et pour supprimer les dieux païens, il fallait
supprimer les animaux qui les symbolisaient. Les deux courants se sont donc
fondus dans un curieux amalgame où les uns et les autres, les clercs et les
fidèles, n’avaient pas les mêmes représentations ni les mêmes convictions pour
une pratique convergente, comme pour l’âne, le bœuf, et les rois mages..