On a beau dire, les critiques d’art, les artistes eux-mêmes
quelquefois, les galeristes, les marchands d’art, les journalistes dans une
sarabande bien rodée ont souvent besoin de beaucoup de mots pour nous signifier
combien nous serions de pauvres béotiens de ne pas voir ce qu’il y a à voir et
qu’ils nous expliquent afin de nous extraire de la gangue de notre conscience
(ou inconscience) et de la grossière appétence de nos goûts personnels. Cela me
fait penser aux rapports que les publicitaires réussissent à imposer autour de
certains produits dont seule la mise à distance du plus grand nombre par le
prix arrive à le justifier en en faisant la marque du luxe.
Heureusement, une évolution significative s’est faite chez
beaucoup de guides-accompagnateurs dans nos musées dans laquelle notre spontanéité,
curiosité et sensibilité sont
sollicitées et interrogées pour nous faire découvrir celles de l’artiste et de son
temps. Cela a réconcilié beaucoup d’entre nous avec la richesse des artistes et
de leurs œuvres en nous évitant d’être tour à tour des consommateurs compulsifs,
de pseudos spécialistes parlant la langue des perroquets ou des catéchumènes
intimidés. Il semblerait que dans l’art contemporain certaines œuvres résistent
moins bien que d’autres à cette approche à rebours assez souvent de leurs cotations
financières. C’est la magie de l’art.