Il suffit de regarder une carte pour constater que l’Algérie
est une fiction d’origine coloniale dont les frontières sont déterminées par la
mer au nord, le Maroc (pays ayant sa propre histoire) à l’ouest, la Tunisie
moins historicisée que le Maroc mais à la population plus homogène que l’Algérie,
et au sud ? L’immensité du Sahara et des limites géométriques totalement
arbitraires qui n’ont eu pour effet humain que celui de gêner dans leurs
mouvements les populations nomades locales.
Non seulement la « nation » algérienne est
problématique et n’a eu d’existence factuelle que durant la « guerre d’indépendance »,
mais les peuples qui la composent parlent des langues différentes et ont des
croyances différentes. La langue arabe et l’islam n’ont eu de poids que lorsqu’il
s’agissait de se procurer une identité problématique par rapport à la métropole
quand ce qui est aujourd’hui un pays était trois départements français dans
lequel les citoyens n’avaient pas tous les mêmes droits.
Nier l’identité spécifique des peuples berbères, arabes et
sahariens est la ligne de clivage la plus forte de ce système néocolonial. Tant
que ce problème ne sera pas réglé, les mots d’ordres des révolutions de
couleurs (« démocratie » et tout le tintouin), qui ont fleuri un peu partout mais pas encore en Algérie, ont en fait
de beaux jours devant eux. Remplacer la mafia par Soros n’est pas forcément une
bonne solution.