@cevennevive. J’aime ou j’aimais ?
(2007).
J’aime fouler de mes
spatules la neige vierge, à longues foulées glissées. J’aime les
roitelets dans les épicéas et dans les pins mugho.
J’aimais
contempler le Scorpion et Antarès dans la fin de nuit de printemps,
depuis un bivouac à skis. J’aime quand seuls les sifflements des
marmottes, ou les alertes des pluviers dorés, donnent de l’animation aux
murmures du vent. J’aime découvrir un reposoir à chamois, d’où ils
surveillaient toute la vallée en ruminant. J’aime le thym et les baies
de genièvre.
J’aimais l’ultime lutte dans le ressac, en
accostant à la grève, après mes kilomètres de nage côtière. J’aime les
moules sauvages, récoltées sur le rocher au loin. J’aimais les sars
grillés sur des braises de pommes de pin. J’aime explorer les
ramifications des estuaires, à godille ou à pagaie. J’aime les parades
des grèbes dès février, et plus tard leurs petits sur le dos.
J’aime
l’eau vive, maintenant que mes épaules ne me jouent plus de tours trop
graves. Je suis bien heureux d’avoir près de chez moi à Décines ce club
de pagaie où il n’y a que des gens agréables.
J’aimais tailler
de la route à toutes les allures, dans une mer non polluée, où les
dauphins viennent souffler et jouer autour de nous. J’aimais prendre le
quart de l’aube, quand les étoiles s’éteignent une à une, quand
l’horizon et les couleurs apparaissent, et quand les équipiers dorment
encore, jusqu’à ce que l’odeur du cacao chaud chatouille leurs narines.
J’aime boucler un agui en deux secondes. Je n’aime pas casser une ancre,
bêtement engagée sous un rocher. Je préfère plonger pour la dégager.
J’aime
les curiosités et les audaces des bébés. J’aime leur sommeil. J’aime
chacune de leurs victoires sur la maladresse d’hier.
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