Il y a quelques jours,
j’ai été atterré en entendant un dialogue entre une ancienne
responsable publique à la tête d’un lobby sectoriel et un
journaliste. Celui-ci a suggéré que l’on devait encore progresser
en matière de « data » pour le transport et la
logistique, semblant impressionné par la traçabilité offerte par
une « startup ». Elle a répondu qu’en effet, on ne parlait
plus seulement de flux physiques, mais aussi de flux
d’information...de traçabilité.... Ma propre question est la
suivante : ce dialogue a-t-il été enregistré il y a 20 ans ? Cela
fait bien longtemps que la
traçabilité a été
placée en tête des
agendas, ce qui signifiait évidemment le traitement de données
échangées entre les acteurs de la chaîne. La réglementation
européenne en matière de traçabilité remonte d’ailleurs à
1993 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Tra%C3%A7abilit%C3%A9
Les
journalistes et dirigeants radotent en matière de « numérique »,
continuant à s’enivrer de termes pédants qui ne veulent rien
dire, comme « data », et obscurcissent leur compréhension
des choses. Croit-on que les Anglo-saxons y mettent une quelconque
magie, quand ils parlent de « données », à la
différence des Français qui préfèrent « data » ?
Ainsi, des contrôleurs de gestion et des mercateurs sont des
analystes de données (« data analysts »).
Comment
peut-on avancer si on recycle dans les discours des technologies
largement répandues comme s’il s’agissait de technologies du futur,
en les emballant dans des anglicismes pour fake « new » ? C’est ainsi qu’une professeure d’économie, spécialiste des télécoms, vient expliquer que
l’ « on » n’avait pas compris le modèle des
GAFA il y a 10 ans, alors que ces modèles économiques étaient
largement décrits dans les revues spécialisées.
Où
étaient d’ailleurs
il y a quelques années ceux qui vantent aujourd’hui la
« souveraineté numérique » ? Encore une fois, tant
mieux si des petites françaises remplacent de grosses
états-uniennes. Mais ça ne se passe pas comme ça. Il y avait déjà
des petites françaises dans la traçabilité dans les années 2000.
Mais aujourd’hui, la plupart des petites Françaises renforcent les
grosses américaines car on est incapable en Europe de créer des
technologies d’infrastructure. On reste toujours à la surface des
choses, les trucs faciles.