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Commentaire de Stephane Klein

sur La loi sur l'eau


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Stephane Klein (---.---.190.72) 13 mai 2006 13:10

Non, ce que j’affirme n’est pas faux, ca a ete mal ou partiellement compris a la rigueur.

En tant que professionnel de l’hydroelectricite, je me dois de vous completer.

1) il m’a semble bien faire la disctinction entre petite et grande hydro. Vous decrivez parfaitement le potentiel existant qui comme vous le savez reside surtout dans le domaine de la micro-hydro.

2) la loi sur l’eau est porteuse d’amelioration mais aussi de dangers pour l’hydroelectricite.

2.1) le debit reserve : il est de 1/10e aujourd’hui pour les nouvelles centrales mais du 1/40e pour les centrales anciennes et/ou fondees en titre (moulins anterieurs a 1789 pour faire simple). Ca peut paraitre tres insuffisant pour maintenir le biotope de la riviere, sauf a entrevoir que :
- beaucoup de ces moulins sont multi-centenaires : un equilibre s’est donc cree,
- leur chute est souvent proche ou inferieure a 2 m,
- le deversoir est plus une chaussee en pente douce qu’un barrage et ne constitue donc pas un obstacle a la montaison et devalaison de poissons.

Le debit reserve peut aujourd’hui etre turbine a condition qu’il reste dans le lit de la riviere, cette disposition doit etre maintenue et renforcee.

Qui plus est, 1/10e du module ne signifie pas 1/10e du debit instantanee mais 1/10e de la moyenne. Et 1/10e de la moyenne >= debit d’ete ou d’etiage. Autrement dit et compte tenu du debit d’armement des turbines de basse chute, les centrales se retrouvent bien souvent a l’arret pur et simple durant de longs mois d’ete.

Un exemple factuel est bien plus parlant : Site de 1.60m de chute a la centrale fondee en titre, 1.40 au barrage sur une largeur de deversoir de 5m : je vous laisse faire le calcul de la pente. Pas de canal d’amenee, canal de fuite de 150m. Module : 30m3/s, debit d’equipement : 9m3/s, debit reserve reellement respecte : 3m3/s (1 m3/s legal). Autrement dit : a partir de 3+3m3/s de debit estival, la centrale est mise en chomage. Par ailleurs, il va sans dire qu’aucune eclusee n’est possible.

Certes, cet exemple n’est pas applicables a tous les sites et la problematique d’integration harmonieuses de centrales dans l’environnement est differente a chaque cas.

Basons-nous sur un autre exemple : un site a equiper dans le futur : 34 m de chute court-circuitant une cascade de 18m : autant dire qu’aucune migration de poisson n’est naturellement possible. Petit reservoir permettant de stocker quelques heures de production : possibilite d’eclusee compensee par la presence d’un barrage agricole sans microcentrele 5 km a l’aval (35m sans passe a poisson, sans que ca ne souleve la moindre protestation d’ailleurs).

Chaque site s’apprehende reellement de facon unique.

Je me permets de mettre en lumiere un autre fait concernant les eclusees. a) petit barrage stockant quelques heures : la centrale fonctionne toujours en quasi-fil de l’eau mais le debit turbine l’est a 100% du rendement de la turbine tandis que ce rendement chute tres vite des qu’on s’eloigne du debit optimal dans une configuration sans reservoir : ecluser permet donc de produire plus a meme debit.

b) accumulation de taille moyenne permettant de produire en heure pleine / stocker en heures creuses. Vous savez sans doute que le besoin national de semi-base est fourni par nos centrales thermiques fossiles (charbon, gaz : 10% de notre consommation). En reactivant ainsi des centrales hydro sans s’opposer aux eclusees, on combat directement la production de GES. Entre deux maux, il faut savoir choisir le moins douloureux.

2.2) Sur les passes a poisson : je vous accorde que certains usiniers se foutent de leur impact sur le biotope et donc de l’installation de passes. Un nombre bien plus important s’en preoccupe et cela se traduit par l’installation parfois volontairement parfois legalement de passes a poisson. L’effort pro-biotope est patent et la situation s’ameliore chaque annee, a cela plusieurs raison :
- effort volontaire.
- obligation legale.
- contrainte financiere : je suis en contact avec un fond d’investissement ’ethique’ qui selectionne ses projets en fonction de leur rentabilite mais aussi et de critere environnementaux dont la passe a poisson, condition sinequanon.
- souci d’acceptation local par le monde de la peche.

Parmi les axes de recherche et d’effort j’oubliais :
- recherche sur l’inocuite de turbines (type Kaplan) sur la devalaison des poissons et sur l’oxygenation de l’eau.
- utilisation de filets repulsifs a poisson pour eviter leur passage dans la turbine.

Je vous accorde que ces derniers points sont encore marginalement developpes mais meritent d’etre signales : ils demontrent un reel souci de minimisation des effets de l’hydroelectricite sur le milieu aqueux.

Je reviens sur les rivieres de premieres categorie de peche : il devrait etre laisse la possibilte d’equiper sans contrainte les sites ou des barrages/deversoirs existent et laisser la possibilite d’equiper de zero les sites interessants sous reserve de mesure compensatoires concertees.

Quant a la directive europeenne sur l’anguille, vous me l’apprenez mais vous ne m’etonnez qu’en partie tant l’Etat Francais n’a pas le monopole de la schizophrenie. Les annees passees ont en effet ete riches de mesure pro-EnR suivies de mesures completement contradictoires (suppression du renouvellemnt de l’obligation d’achat par la derniere loi sur l’energie).

Il faudra donc se battre d’arrache-pied pour ne pas voire sabotee les directives europeennes pro-EnR dont la France fut a l’initiative et que nous serons tres loin de respecter, et pour laquelle nous risquons une sanction communautaire.

A votre disposition pour developper l’echange :).


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