@Octave Lebel : Vous illustrez en
le développant ce que je disais en guise de conclusion : Zemmour est un homme
de médias, un polémiste, un bateleur, un guignol habile qui fait du buzz, pas
un politique. La politique l’intéresse, comme l’Histoire, mais comme
spectateur, pas comme acteur.
Les médias étant aujourd’hui ce qu’ils sont (de la merde à intoxiquer les
consciences), lui-même et son émission s’en tirent il faut l’avouer avec les
honneurs. Mais cela ne fait pas un candidat, encore moins une élection.
Confidence : en 2014 j’ai écrit un essai (non publié) intitulé "Après la
France« , qui était une réponse point par point au »Suicide
français". A l’époque je détestais profondément Zemmour, et méprisais son
égarement dans les remugles de l’Histoire : mettre quasiment sur un pied
d’égalité Napoléon et Pétain, en réhabilitant contre tout le travail des
historiens depuis 40 ans la grande figure de la Collaboration, faire de de Gaulle
l’héritier de Maurras et Barrès, il fallait oser !
L’homme s’est entre temps assagi et bonifié. Ses analyses sont plus
pertinentes. Il faut dire que le vacarme médiatique autour de non-sujets
brandis pour faire diversion, comme les nièmes commémorations de Charlie, le
racisme ou les féminicides, entretenus par des nains intellectuels comme
Enthoven, Todd ou BHL, hissent par contraste un polémiste intelligent comme
Zemmour au rang de génie de la pensée.
« Là où le mouton fait défaut, la chèvre est appelée Majesté
», dit un proverbe turc.
Mais on ne fait pas un génie par défaut, ni un bon candidat par aspiration pour
combler le vide.
Un correctif : Zemmour n’est ni monarchiste ni traditionnaliste. Il est le
pur produit de la République laïque, une et indivisible, universaliste et assimilationniste.
Et de l’ascenseur social selon une promotion au mérite.
Qu’il glorifie son Histoire en
célébrant avec nostalgie ses grands monarques ou l’Empire, c’est une chose.
Mais il ne rêve certainement pas de revenir à l’Ancien régime où il n’aurait
été qu’un laquais d’écurie, ou tout au plus un clerc de notaire, pas un
aristocrate ni même un bourgeois éclairé. Contrairement à Attali, un Juif de l’aristocratie
financière comme ces marranes qui ont fondé la City, et qui se pique d’être
écrivain.
Quant aux traditions, Zemmour s’en
fout. Il reconnaît avec justesse que la France a été forgée par le
christianisme, comme elle doit beaucoup à ses autres racines : grecque et
romaine. Mais aussi aux Lumières, même si celles-ci incarnent davantage le
modèle d’universalisme anglo-saxon, aujourd’hui repris par le progressisme mondialiste
auquel il s’oppose frontalement et avec raison.
La France catholique d’une Marion Maréchal
et de La Manif Pour Tous n’est certainement pas sa tasse de thé. S’il reconnaît
le génie des grandes figures catholiques passées comme Péguy ou Claudel,
Zemmour est tout sauf un bigot : c’est un bobo ! Même s’il s’en
défend. Il conchie Mai 68 et son « déconstructivisme » parce qu’il
rêve de cette France que ses ancêtres n’ont pas connue, mais il en est un pur
produit. Du moins dans sa posture d’universitaire rebelle assiégeant le Pouvoir
établi, en l’occurrence Maastricht et la Macronie.