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Commentaire de Christophe Claudel

sur Zemmour Président : l'esprit du taon


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Christophe Claudel Christophe Claudel 13 février 2021 22:28

@arthes : 

Vous voilà victime sans le savoir non pas de mon mépris supposé pour les poissonnières, mais de la forme la plus extrémiste du politically correct anglo-saxon.

Avec ce nouveau concept tyrannique utilisé par tous les frustrés pour culpabiliser leurs interlocuteurs et verrouiller tout débat : les micro-agressions.

Une micro-agression est une offense dont on accuse celui ou celle qu’on veut réduire au silence et exposer à l’opprobre publique en prétendant être atteinte dans son identité, son intégrité, mise en danger par des propos a priori anodins.

J’utilise volontairement le féminin car ce sont en général des femmes qui s’adonnent à ce genre de manipulations psychologiques aussi mesquines que pathologiques.

Par exemple la simple question « Where are you from ? » constitue selon certains une micro-agression. Car en demandant à quelqu’un d’où il est originaire, on suggèrerait qu’il n’est pas un Américain à part entière, mais juste un sous-produit de l’immigration.

Cette forme de terrorisme moral totalement absurde peut aller très loin. Et conduire à des formes de névroses collectives hystériques qui finissent par empêcher toute véritable discussion, toute expression simple et directe d’une opinion, et même toute affirmation identitaire qui risquerait d’être interprétée comme contradictoire ou menaçante pour les autres.

Selon cette logique de la terreur et de culpabilisation permanente, un individu acquiert de la valeur aux yeux du groupe à proportion qu’il s’identifie comme une victime. Tous victimes, tel est son credo.

En me chicanant sur « la poissonnière de Saint-Cloud », vous me faites évidemment un faux procès. Vous faites mine de ne pas comprendre mon intention (me moquer du style un peu hommasse et des prétentions bourgeoises de Marine Le Pen), en m’en prêtant une autre intention que je n’ai évidemment jamais eue : dire du mal des poissonnières que je haïrais.

D’un point de vue psychologique, il s’agit d’une projection. Et d’un point de vue rhétorique, d’une manipulation.

S’il était besoin de vous rassurer sur mon sort, je n’ai absolument rien contre le métier de poissonnier ni contre celles qui l’exercent. J’adore le poisson, comme j’aime discuter avec les poissonniers/ères sur les marchés.

Quant à Mathilde Panot, que j’écoute et apprécie comme députée bien que n’étant pas du tout sur la ligne politique de LFI, j’ai été l’un des rares à dénoncer avec vigueur les attaques misogynes inqualifiables dont elle a été récemment l’objet dans l’hémicycle, qui sont totalement irrespectueuses et indignes de la représentation nationale.

Je comprends que vous soyez vexée, blessée, chaque fois qu’on caricature les poissonnières comme des icônes de matrones vulgaires. Mais dans ce cas il faudrait interdire beaucoup d’expressions de la langue française utilisées à contre-emploi. Comme « nain » qui dévalorise les petites taille, « vieux » qui stigmatise les personnes âgées, « autiste » qui méprise la souffrance des personnes fermées sur elles-mêmes. Et pourquoi pas renoncer aussi à dire « juif », « noir » ou « arabe », parce que dans l’esprit tordu de certains écorchés vifs et autres simulateurs offusqués ces qualificatifs seraient des insultes.

Ce qui reviendrait à rendre toute formule, toute figure de style, toute nuance et toute expression utilisée au second degré inutilisables. Avouez que la vie deviendrait vite sinistre à se flinguer.

Le langue de Molière n’est pas la langue de Shakespeare. Et la culture française n’est pas la culture anglo-saxonne. Le français recourt plus volontiers à l’ironie, à la caricature grossière, pour forcer le trait et faire jaillir des paradoxes, des fulgurances drolatiques, plus à même de refléter un point de vue qu’un long exposé ennuyeux comme celui-ci.

Si l’on suit votre logique castratrice, il faudrait aussi interdire Astérix. Car j’imagine que le personnage de la poissonnière Iélosubmarine doit vous ulcérer.

Il n’y a pas de sagesse et d’intelligence sans capacité à rire de soi. Sans autodérision. Je m’y applique souvent, croyez-moi.

Le contraire de cette humilité des sages, c’est l’orgueil et la tyrannie des cons. On en est là, ou presque. Les États-Unis y ont totalement cédé, et sont aujourd’hui une nation décomposée, hyperviolente, au bord de la guerre civile.

Puisse les dieux du rire épargner à la France une telle calamité.


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