L’explosion
Périsse le gouvernement révolutionnaire, plutôt qu’un principe (1)
Jean-François Varlet
Du 10 vendémiaire an III de la République, une et indivisible
[1er octobre 1794]
Républicain[s],
Il y a mépris, violation des droits de l’homme, lorsqu’un habitant de la cité est plongé dans les cachots pour avoir défendu les principes de la souveraineté du peuple.
Il y a deuil pour la patrie, lorsque les tyrans qui l’oppriment, triomphent ; lorsque les bons citoyens qui la défendent gémissent.
Il y a patriotisme opprimé,
lorsqu’une victime de Lafayette, de la commission des douze, de
l’inquisition révolutionnaire, est laissé sous la griffe des ambitieux.
Républicains,
le souffrirez-vous ? oubliez les individus, mais pensez aux principes
dont ils ont été les propagateurs, et surtout lorsque dans leur zèle
désintéressé ils ont fait le bien pour le bien lui-même.
N’en doutez
pas, ce sont les vérités crues, dites à la tribune du club électoral qui
m’ont valu ma nouvelle retraite au Plessis [prison]. Si du fond du
cachot ma pensée peut encore parvenir au peuple, je me réjouis ; les
tyrans m’auront en vain persécuté ; ils n’auront fait qu’accroître mon
zèle, loin de le rendre impuissant.
Mouchards, recors (2),
surveillants à gage, vite sur pieds : je donne le bal aux ambitieux. Ma
franchise peut offrir un vaste champ aux délations. Vos témoignages ne
seront pas douteux. Vous aurez en main des preuves écrites… Espèce
vile ! je n’ai obéi à l’ordre injuste dont vous étiez porteurs, je ne
vous ai laissé violer mes foyers, que dans l’espoir de traiter d’égal à
égal avec les tyrans, vos maîtres, devant le tribunal du peuple.
On m’accuse de contre-révolution.Je devance ma traduction devant des juges : le fait est constant… Je me regarde comme convaincu, si par contre-révolutionnaire l’on entend l’opposition au gouvernement révolutionnaire.
J’obéis provisoirement à sa tyrannie, sans oublier ma portion de
souveraineté, par la censure que nous avons tous droit d’exercer sur les
décrets rendus. Je me servirai de défenseur officieux ; je plaiderai
contre un gouvernement nationicide en faveur de la déclaration des droits de l’homme ; je me porterai accusateur d’une poignée d’ambitieux, assez forts peut-être pour braver la vérité… Qu’importe ! je la dirai.
Je m’immole au bonheur de ma patrie ; là où est le péril, là est le dévouement.
L’Ami du peuple [surnom de Marat] ne se gênait pas ; il nommait les masques : imitons-le.
Le plus déhonté des mandataires du peuple, monsieur Billaud de Varennes, place un foyer de conspiration au club électoral, séant au ci-devant Évêché ; il parle en Barrère de Vieuzac, en baron de Montaut, avec lesquels il fait cause commune. Oui, monsieur Billaud de Varennes
a raison ; il doit voir des conspirateurs dans les vrais insurgents du
trente et un mai. Mais si, comme à cette époque, ils conspirent avec le
peuple, l’audace de ses nouveaux ennemis ne leur garantira pas des
succès. L’opprobre, l’ignominie les attendent. Un reste de terreur
prolonge un instant leur puissance. Engoués du pouvoir qui les enivre,
ils le vouent éternel en leurs mains, et vont dans leur aveuglement
jusqu’à oublier que tous les plans d’oppression ont échoué avec leurs
auteurs contre la force du peuple. Il n’est point d’heureux scélérats
chez un peuple qui veut être libre, et qui le sera malgré tout le
mouvement que se donnent Barrère, Billaud, Vadier, Collot, Amar,
Voulland, Bourdon de l’Oise, Duhem, Ducos, Montaut, Carrier, etc. etc.
Et pour atteindre les traîtres d’un seul coup de filet, tous les membres
des comités de salut public, de sûreté générale, du tribunal
révolutionnaire, coupables de complicité ou de lâcheté sous le règne de
Robespierre, imperator et pontifex (3).
Républicains, ne
cherchons pas ailleurs que dans le gouvernement révolutionnaire
l’origine de l’oppression sous laquelle la république a gémi depuis les
journées mémorables des trente et un mai, premier et deux juin. Votre
confiance à cette époque m’appela au comité d’insurrection ; et comme on
pourrait en induire que j’ai servi la plus odieuse des tyrannies, je
dois au peuple, je me dois à moi-même une explication franche.
Parmi
les citoyens élus pour sauver la patrie dans la révolution du trente et
un mai, il y eut des patriotes francs du collier, élus par le peuple,
insurgés avec lui pour le maintien des principes et l’établissement
d’une constitution républicaine. Il y eut aussi des intrigants,
émissaires de la plus destructive des factions. Cette ligue de Caligula
ne vit dans la chute des brissotins qu’une plus vaste carrière ouverte à
son ambition. Le comité d’insurrection recéla les germes du
gouvernement révolutionnaire, conçu d’avance dans le secret. Les
faux insurgents substituèrent à mon insu Robespierre à Brissot : au
fédéralisme, une dictature révoltante, décorée du nom de salut public. Pour moi, j’étais trop franc pour être initié ; on me laissa de côté.
J’insurrectionnai, rien de plus. Quand je vis les députés, accusés par la voie [sic]
publique, dans les liens de l’arrestation, je me retirai ; je me démis
de toutes fonctions, et rentré dans le sein du peuple, je demeurai
totalement étranger au gouvernement révolutionnaire, si ce n’est à
certaines époques où je me fis un devoir de le combattre. Le
gouvernement me crut peu capable de remplir ses vues ; il ne me fut
proposé aucun million. Mon éloignement des comités, du tribunal
révolutionnaire ; ma nullité absolue, mon séjour aux Madelonnettes (4)
depuis le trente et un mai, prouvent assez, ce me semble, que j’ai voulu
l’insurrection pure et simple. Ô mes concitoyens ! ne m’accusez pas
d’avoir été l’artisan de vos malheurs ; je n’ai pas mérité un si dur
reproche. L’horrible dictature de Robespierre ne justifie point la
tyrannie de Brissot ; descendu au dedans de moi, je n’y trouve aucun
remord, je suis tranquille avec moi-même… c’est quelque chose, je
crois ?
...................
Vivent les droits du peuple souverain ! respect à la convention nationale ! À bas les usurpateurs, PÉRISSE LE GOUVERNEMENT RÉVOLUTIONNAIRE PLUTÔT QU’UN PRINCIPE.
Signé VARLET
Source :
12/03 08:45 - SPQR Sono Pazzi Questi Romani
La politique est le moyen pour des hommes sans principe de diriger des hommes sans mémoire . (...)
11/03 22:07 - ETTORE
Bah ! Quand on en arrive aux ras des pâquerettes, il est très dur de ne pas brouter du...... (...)
11/03 20:44 - Aita Pea Pea
11/03 20:39 - SPQR Sono Pazzi Questi Romani
L’explosion Périsse le gouvernement révolutionnaire, plutôt qu’un principe (1) (...)
11/03 20:14 - Aita Pea Pea
@Fergus Suis misogyne...la chartreuse beurk ...un goût de médoc .
11/03 19:42 - Fergus
Bonsoir, In Bruges Qui plus est, les chartreux ont de très beaux yeux dorés (je ne parle pas (...)
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