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Commentaire de Christophe Claudel

sur Halte au confusionnisme : #JeSuisIslamoGauchiste


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Christophe Claudel Christophe Claudel 6 avril 2021 12:26

Ce que ce texte révèle surtout, c’est l’ignorance de l’Islam contemporain et de la gauche contemporaine de son auteur.

L’Islam tout d’abord. Sans doute l’une des religions qui comporte le plus grand nombre de branches, de sous-branches et de sectes, rivales et opposées les unes aux autres, avec leur lot de guerres, de persécutions et d’abominations propres à tous les fanatismes religieux.

Jusqu’à une époque récente on pouvait croire à une relative diversité et une relative hétérogénéité dans les formes d’expression d’une religion née au 7e siècle entre La Mecque et Médine. Jusqu’à ce que sa frange la plus fondamentaliste et conquérante prenne l’ascendant, politique sinon spirituel et dogmatique, sur toutes les autres. Et ce dans tous les pays où l’Islam est aujourd’hui présent : de son berceau historique dans le Golfe persique jusqu’au Maghreb, en Afrique subsaharienne, en Asie Mineure ou en Extrême Orient. Et bien entendu dans ces périphéries occidentales où vivent des populations d’origine musulmane, première cible des islamistes.

Ce constat on ne peut plus objectif fait mentir les orientalistes de gauche pétris de mauvaise conscience postcoloniale et de bons sentiments droitsdelhommistes, et qui prétendent édifier une digue aussi étanche qu’imaginaire entre « l’Islam » et « Islam politique ». Ou entre l’Islam et « l’islamisme ». Ou encore en affirmant que le terrorisme (la Guerre sainte dans sa version moderne) n’aurait rigoureusement rien à voir avec l’Islam. Lequel serait une religion parfaitement pacifiste. Pathétique ignorance !...

Car l’Islam dès son origine est une religion éminemment politique, qui s’applique à organiser de façon rigoureuse chaque aspect de la vie en société : juridique, institutionnelle, politique, familiale, patrimoniale, sociale, économique, financière, communautaire, alimentaire, rituelle... Et ce pour les fidèles comme pour les infidèles vivant en son sein.

De même l’Islam est par essence une religion conquérante. Elle s’est d’ailleurs constituée en tant que religion nouvelle autour de la famille et des proches du Prophète « CONTRE » le pouvoir politique et religieux des grandes familles de La Mecque. Et en menant une guerre sanglante pour conquérir cette ville et y imposer la nouvelle religion après la fuite à Médine. Mais aussi avec un impératif de conquête et de conversion résumé par le thème central du Djihad. Qui est historiquement sinon dogmatiquement le premier « pilier » de l’Islam.

Cet orientalisme doucereux qui voudrait résumer l’Islam, notamment contemporain, à une « religion de paix et d’amour » relève d’une cécité morale proprement schizophrène. 

Les musulmans qui sont les premiers concernés le savent pertinemment, eux qui depuis un siècle ont partout subi les assauts répétés des fondamentalistes lancés dans une guerre de conquête ou de reconquête.

Partie d’Egypte il y a un siècle avec la création par Hassan Al Banna de la Confrérie des Frères musulmans en 1928, ce projet de conquête du monde révélé plusieurs années plus tard s’inspire à la fois d’une volonté de retour fantasmatique à la pureté originelle de l’Islam incarnée par sa branche la plus fondamentaliste, le salafisme. Mais aussi (ce qu’on sait moins) d’une fascination et d’emprunts idéologiques au nazisme, dont les fondateurs de la Confrérie étaient très proches. Puis du léninisme comme idéologie totalitaire de remplacement une fois le nazisme vaincu, notamment sous la plume de Sayyed Qutb, principal idéologue de la Confrérie refondée en exil après son interdiction en Egypte dans les années 1950.

Les idéologues de la Confrérie poseront les fondamentaux de sa stratégie de reconquête à partir de bastions occidentaux : Etats-Unis, France, Suisse, Angleterre… Une stratégie appuyée à la fois sur une doctrine fondamentaliste et révolutionnaire, traditionnaliste et moderniste. Et qui renonce a priori à la conquête du pouvoir et du monde jusqu’à l’instauration d’un Califat mondial par la force armée (djihad), lui préférant une stratégie sur le long terme fondée l’infiltration, la subversion, la corruption des sociétés occidentales démocratiques. Avec un discours systématique de victimisation et d’isolement des populations musulmanes vivant dans ces pays, afin de les agréger en une Oumma fictive et de les lancer ensuite à l’assaut des démocraties décadentes.

Qutb inspirera tous les mouvements terroristes djihadistes nés dans la seconde moitié du 20e siècle. A commencer par un certain Ayatollah Khomeiny, lancé dans une guerre sainte pour arracher le leadership de l’Islam conquérant, et une confrontation résolument violente avec l’Occident. Et dans une compétition farouche pour le leadership géopolitique régional contre son rival sunnite et saoudien.

Milices chiites au Liban, Hamas, Al Qaeda, Daesh, Boko Haram... On connaît la suite : l’Islam à la fin du 20e siècle et au début du 21e sombre comme un seul homme dans les ténèbres. Entraînant avec lui tous les musulmans dans un cycle de violence et de terreur, corrompant tous les régimes qui ne sont pas ouvertement « islamistes », troquant la paix sociale en Algérie, au Maroc, en Tunisie, en Egypte, en Lybie contre la remise des clés de la religion et le pouvoir sur les âmes.

Conclusion : aujourd’hui un nombre exponentiel de jeunes vivant dans les pays musulmans disent se détacher totalement de la religion. Ce phénomène est massif et général.

A l’opposé, dans un pays comme la France, les sondages révèlent obstinément une réalité à l’inverse : les jeunes musulmans des banlieues, eux, ne font plus du tout confiance à l’état de droit et à la démocratie. Ils se tournent en masse vers les marchands d’illusion fréristes ou salafistes qui les courtisent et les endoctrinent dans des « associations culturelles », des clubs de foot ou de boxe, des écoles et même des universités financés avec la complicité d’élus corrompus. 60% considéraient en 2020 que les lois de la charia priment sur celles de la République. Et 40% que le voile islamiste devrait s’appliquer à toutes les femmes.

Et la gauche dans tout ça ? La majeure partie s’est laissée phagocyter par le mirage « progressiste » incarné par la marionnette Macron : une stratégie de dilution des clivages gauche-droite destinées à imposer une idéologie et une politique uniques qui servent les intérêts d’une oligarchie financière aux commandes de tous les pouvoirs. Avec un discours « progressiste » totalement mensonger destinée à faire avaler des mesures à l’opposé des buts annoncés. Pour les mondialistes, dont la stratégie d’instauration d’une gouvernance mondiale passe pour la destruction des états-nations et des identités nationales, toute forme de communautarisme ou de séparatisme notamment islamiste constitue un allié de choix.

D’où le soutien discret mais néanmoins efficace des progressistes au nom du droit des minorités aux musulmans radicaux, et leur soutien pour les aider à truster les instances représentatives de l’Islam au lieu des réformistes. Et ce depuis la création du CFCM en 2003, lequel insista pour y faire entrer l’UOIF.

Quant à la gauche marxiste et « révolutionnaire », orpheline de son cher prolétariat et de sa « classe ouvrière » depuis la désindustrialisation, elle a cru pouvoir trouver un lot de consolation (et une nouvelle clientèle) en prenant fait et cause pour les « immigrés », et plus spécifiquement pour ces musulmans opprimés ou « persécutés » au nom d’une prétendue « islamophobie », selon le leitmotiv victimaire du CCIF.

Les plus radicaux à l’extrême gauche ont ouvertement pactisé avec des groupuscules djihadistes à partir des années 1980, soutenant notamment le Hamas contre les méchants colons sionistes. D’autres plus doucereux se sont abîmés dans des discours larmoyants sur les minorités opprimées, assimilant une lecture sociologique sur la stigmatisation des banlieues avec des revendications identitaires de l’extrême droite religieuse islamiste.

Ce qu’on appelle aujourd’hui « islamogauchisme », c’est donc cette guimauve moraliste incarnée par Mediapart, La France Insoumise, les écologistes et certains socialistes, qui voient dans « le musulman » l’icône par essence du nouveau persécuté. Et dans l’Islam politique une sorte de messianisme émancipateur propre à restaurer la dignité des nouveaux damnés de la terre. Sans jamais comprendre que cette arnaque idéologique justifiée par un combat contre une « extrême droite » raciste, xénophobe et islamophobe fait clairement le jeu d’une autre extrême droite religieuse, fanatique, antirépublicaine, antidémocratique et anti droits-de-l’homme, motivée par un projet de conquête totalitaire qui se moque éperdument de ces oies blanches de gauche qui viennent pleurnicher sur le sort des pauvres musulmans.


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