Brésil : le Covid-19 a fait 354
617 morts.
Avec 4000 nouveaux décès par jour
liés au coronavirus, la flambée épidémique est hors de contrôle
au Brésil. Les hôpitaux sont saturés dans la plupart des régions.
Dans la capitale économique du pays São Paulo, des autobus réservés
au transport scolaire sont mobilisés pour transporter des cadavres.
Cette situation est due à la
prépondérance du variant P1 dans le pays, mais aussi à la gestion
de la crise sanitaire. Le président Jair Bolsonaro se refuse
toujours à prononcer un confinement généralisé sur l’ensemble
du pays, et s’évertue à critiquer les différentes mesures prises
localement, comme à Rio de Janeiro et à São Paulo.
La situation est d’autant plus
critique le Brésil ne lutte pas contre un mutant, mais des dizaines
de variants. Face à cette circulation intense de l’épidémie, le
virus évolue très rapidement, y compris le variant P1 lui-même. «
On en est à 17 mutations jusqu’à présent, c’est beaucoup et c’est
ce qui peut expliquer que c’est si transmissible », détaille le
neuroscientifique Miguel Nicolelis sur Europe 1.
S’ajoute à ceux-ci son jumeau P2,
variant très proche détecté dès octobre dans la région de
Janeiro, et le redoutable Belo Horizonte, une souche qui comporte pas
moins de 18 mutations combinées, issues des différents variants
brésiliens, sud-africains et britanniques.
En tout, l’Institut Fiocruz recense
pour le moment 92 variants du coronavirus au Brésil. « Le Brésil
pourrait ainsi se transformer en laboratoire de variants à ciel
ouvert qui peuvent compromettre la lutte contre la pandémie dans le
monde entier », redoute Miguel Nicolelis.
Le virus, en réinfectant des personnes
qui ont déjà eu la maladie, ou qui ont reçu une seule dose de
vaccin, mute pour s’adapter à ces nouvelles configurations :
un variant non contrôlé peut ainsi en engendrer un autre. Un
scénario épidémique inquiétant appelé « échappement ».
À ce jour, le variant brésilien
représente moins de 1% des contaminations en France, selon le
dernier bulletin épidémiologique de Santé publique France qui
qualifiait, le 8 avril, de « stable » la situation des variants
sud-africains et brésiliens dans l’Hexagone. Ainsi, seule une
centaine de cas a par exemple été relevée en une semaine dans la
région Occitanie, selon Jacques Izopet, responsable du pôle
biologie et chef du service de virologie du CHU de Toulouse, qui
affirme à la Dépêche du Midi : « Pour l’instant, il n’y a
pas d’inquiétude particulière, mais il faut surveiller ».
Le variant brésilien n’est pas
majoritaire en France, car en l’absence d’arrivées massives de
malades, « il s’efface face au variant britannique, explique au
Parisien Bruno Lina, membre du Conseil scientifique. Il n’a une
transmissibilité que de 20 à 30% supérieure au virus originel,
contre 60% pour le britannique. »
Le variant brésilien a pourtant créé
d’importants clusters au-delà des frontières brésiliennes. Dans
la province de Colombie-Britannique, au Canada, près de 900
personnes ont été infectées par ce variant après l’explosion
d’un cluster dans la station de ski de Whistler. Là, aucun des
patients, souvent jeunes, ne revenait pourtant d’Amérique latine.
« S’il arrive sur le sol européen et français, il pourra connaître
une croissance rapide », affirme le professeur Rémi Salomon, qui
appelle à limiter la circulation des voyageurs venant du Brésil et
à l’imposition d’une quarantaine stricte.
https://www.lefigaro.fr/sciences/covid-19-le-variant-bresilien-p1-inquiete-la-france-20210413