Bernard Stiegler : « L’investissement produit l’avenir dont la
spéculation ferme au contraire les possibilités. Le spéculateur agit
contre les intérêts du monde dans lequel il vit, de sorte que la
spéculation détruit le monde ». … La financiarisation liquide le
capitalisme de la bourgeoisie qu’elle remplace par un capitalisme
maffieux, exogène ou hexagonal (cf. crony capitalism) structurellement
je-m’en-foutiste ».
La dette neutralise le temps, matière première de tout changement politique ou social » Par Agnès Rousseaux (6 septembre 2012)
« Emprunt, crédit, créanciers, débiteurs, déficits, remboursement,
taux d’endettement, « pacte budgétaire »… La dette est partout, elle a
envahi nos vies. Or la dette n’est pas seulement économique, elle est
avant tout une construction politique. Elle n’est pas une conséquence
malheureuse de la crise : elle est au cœur du projet néolibéral et
permet de renforcer le contrôle des individus et des sociétés. « Le
remboursement de la dette, c’est une appropriation du temps. Et le
temps, c’est la vie », nous explique le sociologue et philosophe
Maurizio Lazzarato …
Certains textes du Moyen Âge expliquent que le crédit est un « vol
du temps ». On disait alors que le temps appartenait à Dieu. Et que les
créditeurs étaient des voleurs du temps de Dieu. Aujourd’hui, le temps
appartient au capital. Avec le crédit, on fait une préemption sur
l’avenir... En Italie, il est prévu de vendre chaque année pour 20 à 25
milliards d’euros de biens de l’État. D’ici dix ans, on aura tout
privatisé ! … « On revient avec le crédit à une situation proprement
féodale, celle d’une fraction de travail due d’avance au seigneur, au
travail asservi. (Jean Baudrillard) » (La Fabrique de l’homme
endetté). »