Le cirque des animaux en Bourse
Les gens
travaillaient dur en ces contrées lointaines,
Vivant au
jour le jour, se contentant de peu,
L’avenir
assuré pas plus loin qu’à quinzaine,
Ils se
décarcassaient sous un soleil de feu.
Un homme
vint un jour, habillé comme un prince.
Je suis
banquier dit-il, je veux vous enrichir !
Allez dans
la forêt où grouillent des tapirs,
Prenez-les
tous vivants, purgez-en la province,
Sachant où
les placer en faisant mes affaires,
Je peux vous
les payer à cent pesos la paire.
Enchantés,
les paysans donnèrent leur accord,
Parquèrent
des tapirs, payés au juste prix
Par le
caissier de l’homme : les gens étaient ravis.
Le banquier
dit alors : Ramenez-en encore
Et je triple
le prix : trois cent pesos la paire !
Il me faut
m’absenter, faire le bien ailleurs
Pour
conclure à la fin, je laisse mon trader.
(1)
Mais de
tapirs à prendre il n’en restait plus guère.
Le trader
proposa : "Je veux votre bonheur.
Ces tapirs
sont à nous, on vous les a payés.
Rachetez-les-moi
donc à un prix non surfait ;
A son proche
retour le banquier vous paiera
Cent
cinquante pesos tout tapir qu’il verra".
Cette
aubaine à venir allécha les paysans.
Quitte à
vendre leurs biens ils versèrent l’argent.
Le lendemain
matin, le trader disparut.
Ni lui ni
son patron jamais ne reparurent.
Les naïfs
villageois restèrent nus et crus,
Encore bien
heureux de garder leurs chaussures.
Au profit
maximum chacun se met en course,
Tous les
jours des gogos se font plumer en Bourse !
René
Francal, 16/12/2008
(1) prononcer « trédeur »,
comme « raideur ».