Moi je suis vachement fière, flattée et contente, de n’avoir aucun rôle certes, mais d’être quand même dans la mouvance de ce film de science-fiction magistralement époustouflant.
Qui, juste à la fin du dernier millénaire, pouvait imaginer qu’une population cultivée, aisée, largement supérieure à tout ce qu’on pouvait imaginer de civilisé, en vingt ans, se révèle pleutre, couarde, inattentive, crédule, de retour dans l’obscurantisme le plus obscur que même la religion, son inquisition, son enfer, aux périodes de sa plus grande suprématie, n’avait jamais même eu l’idée de rêver ?
Qui aurait pu imaginer qu’une situation dont on ne savait pas trop si elle était absurde ou génialement organisée, porterait les populations quasi du monde entier, quasi à une guerre civile ? En tout cas à des fâcheries, à des chagrins centripètes ?
Comment se contenter de la réussite parfaite d’un pouvoir abject jamais dénoncé par ses officiels opposants ? Une victoire, normalement, se respecte, mais celle-ci qui nous touche en nos cœurs, par cet être aimé qui se révèle vacciné, et celui-là dédaigné qui ne l’est point ?
Comment supporter que ceux-là ne voient point le sadisme dans le fait d’autoriser l’ouverture des restaurants et cafés, juste après le long week end de l’Ascension, premiers moments printaniers autorisés à l’évasion ?
Comment pouvons nous ne pas prendre pour de la mauvaise foi, ou pire peut-être, comme la révélation d’une insuffisance mentale, l’obéissance de tous ceux-là à se mettre dans le rang, avec le regard hautain et dédaigneux sur celui qui n’y rentre pas ?
Comment pouvons-nous être éclairés et désignés comme obscurantistes ?