Bonjour
Gollum,
Merci
pour votre message. Vous connaissez bien mieux l’œuvre de Tolkien
que moi. Ce que vous écrivez est très intéressant, très
pertinent, tout à fait justifié. Deux choses :
-
Je m’attendais à des réactions de ce genre et j’ai bien
circonscrit mon domaine d’observation (le prologue sur les
Hobbits). Rien de ce que j’ai écrit n’est faux. Force est de
constater que dans sa description liminaire du peuple hobbit, Tolkien
ne se réfère à aucun moment à un quelconque sacré, à de
quelconques rites, lesquels sont omniprésents dans toute l’Antiquité
classique grecque, notamment chez Homère. Il met l’accent sur
d’autres activités, ce qui est à mon avis caractéristique.
-
Tout le sacré que vous décrivez est un sacré d’ordre ésotérique,
« Traditionnel », qui n’a rien à voir avec le sacré
classique occidental tel qu’on le trouve dans le Lévitique, chez
Homère, etc., et qui est à base de rites (le sacrifice). Ce sacré
occidental exotérique a été entièrement assimilé en Christ, qui
en a rendu caduques les manifestations extérieures (cf. l’Epître
aux Hébreux), et qui a été transmué (non
annulé) en Vie nouvelle dans l’Esprit saint. C’est de la
théologie chrétienne de base, que vous rejetez, je le sais bien. Et
c’est ce processus de désacralisation et de transmutation en
impératifs moraux que je vois précisément à l’œuvre au début
du Seigneur des anneaux. Dans l’Antiquité préchrétienne il
aurait été inconcevable de décrire un peuple sans évoquer ses
rites et ses sacrifices. Dans LOTR le christianisme est passé par
là. C’est la thèse de mon texte. Il vous manque un terme de la
comparaison, puisque le sacré exotérique ne vous intéresse pas.
Quant au sacré que vous évoquez, c’est un sacré Traditionnel, et
là pour le coup c’est moi qui suis dépassé, pas de souci, je le
reconnais, je suis dans le camp d’en face. Mais précisément, cela
n’a rien à voir avec le sacré vécu, exotérique, des peuples
antiques auxquels je compare ici les Hobbits.