@Laconique
Intéressante la prose de Ellul. Bien évidemment je suis totalement contre.
Si j’ai bien compris, la réconciliation avec Dieu entraine une dévalorisation totale du monde.
C’est bien ce qu’avait compris et vilipendé Nietzsche — à juste titre — de cette mentalité barbare et folle.
Et qui a fait que pendant très longtemps les chrétiens refusaient la culture, ne voulant connaitre que les Écritures, et rien d’autre.
D’où le côté superstitieux de l’âme chrétienne. Je renvoie aux ouvrages de Ramsay MacMullen là dessus. (on peut y rajouter ceux de Delumeau qui montrent la névrose chrétienne, tant qu’à faire..)
Puis cela a évolué et l’Église s’est emparé d’Aristote, de Platon, faisant un virage à 180°...
C’est bien là le problème c’est que le chrétien n’a cessé de se contredire et de faire des virages à 180°, le dernier en date étant Vatican 2.
Je ne vois dans la prose de Ellul rien d’autre qu’un point de vue fou dont je doute fort d’ailleurs qu’il soit l’apanage de la majorité des chrétiens...
Je reprends une phrase : Tout ce que l’homme avait civilisé, normalisé, unifié (dans la séparation d’avec Dieu) est remis en question, tout apparaît esclavage là où on disait ordre, contrainte là où on disait paix, injustice là où on disait droit, mensonge là où on disait religion, faux-semblant là où on disait nature, illusion là où on disait dieux. Ainsi la présence du Christ rend la vie de cet homme parfaitement invivable, la civilisation radicalement viciée, la société complètement intenable. Une seule chose subsiste, c’est l’amour.
Donc tout est mensonge, le Christ fait tout éclater, bla, bla, bla...
Sauf que quand on regarde les faits, le monde tel qu’il est, si le mensonge est bien omniprésent, la révélation christique, elle, a fait un bide.
Je sais c’est dur à avaler pour vous mais c’est un fait.
Quant à l’amour s’il devait se répandre collectivement, il impliquerait une attention accrue à la nature. Le contraire donc de cette dévalorisation toute biblique (et qui est de l’AT de façon spécifique). C’est ce que l’on observe chez nombre de mystiques à commencer par St François jusqu’à St Séraphin de Sarov dont on dit que les animaux s’approchaient de lui.
Sur la mentalité biblique rappelons les ouvrages salvateurs de Jean Soler.
Alors si je suis très critique sur le biblisme je ne jette pas pour autant le bébé avec l’eau du bain, il y a, selon moi, des choses initiatiques cachées dedans — et c’est ce qui fait de la Bible un signe de contradiction, un truc empoisonné recelant une amende en son sein.
On peut garder de Ellul sa critique forte de la technique, mais bon il ne fut pas le seul, bien d’autres avaient compris aussi..