@Yann Esteveny
Je n’ai pas prêté à Pascal l’idée que la théologie chrétienne s’incarnait dans l’idée de progrès. Ce serait complètement anachronique. Pascal n’est pas Hegel. J’ai dit parce que je le pense que le christianisme a permis, sans doute malgré lui, l’idée de progrès dans la mesure où il représente une conception linéaire et non plus cyclique de l’Histoire : création — rédemption — parousie.
Pascal est un chrétien et un homme de science. Il ne voit pas de contradiction à être les deux en même temps, même s’il pense (il l’a dit) que la philosophie et la science ne valent pas une heure de peine à côté de la question du salut.
Il ne s’intéresse qu’à un secteur limité de la science, la physique, domaine dans lequel il a excellé (mis en évidence et lois de la pression atmosphérique et du vide) ; pour lui, il y a bel et bien progrès dans ce domaine par rapport aux Anciens à Aristote qui n’y croyait pas du moins, car Démocrite croyait au vide.
Par contre, le nouvel espace astronomique inauguré par Galilée et Giordano Bruno lui fait peur : « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraient. » Peut-être parce que la confrontation à un espace infini apparemment vide de Dieu peut donner la tentation de l’athéisme.
Pascal était un homme du XVIIème siècle, soucieux de limites, de mesure. Je pense que les progrès sans frein des sciences et des techniques (aujourd’hui le transhumanisme, l’arme atomique, les manipulations génétiques) et l’athéisme ou la neutralité axiologique de la science et de la technique l’auraient effrayé comme proprement diabolique ("science sans conscience...)