C’est d’une logique implacable : comme l’Homme pollue, forcément, il
fait plus chaud. Forcément. Et comme il fait plus chaud, forcément, il
pleut moins. Comme il pleut moins, forcément, c’est plus sec. Comme
c’est plus sec, forcément, ça s’enflamme mieux. C’est à la fois
indépassable et à la portée d’un enfant de 5 ans, ce qui correspond
d’ailleurs pile-poil à ce que les journalistes de la presse grand public
visent directement avec leur production.
Dès lors, imaginer que ces feux de forêt de la côte ouest américaine
ne sont pas reliés, d’une façon ou d’une autre, au dérèglement
climatique, c’est sombrer dans un conspirationnisme qui, d’ailleurs, ne
rebute pas Donald Trump qui ose ainsi prétendre qu’ils seraient
davantage dûs à une « mauvaise gestion forestière ».
Cette explication est honteuse. Car oui, il est vraiment honteux de
rappeler que cette région a un climat de type méditerranéen doublé de
périodes de
foehn (ici,
des vents secs et chauds de Santa Ana) et qu’il faut en conséquence
avoir une politique de prévention des incendies adaptée au climat de la
région.
Rappeler ceci, c’est faire le jeu du Rassemblement National capitalisme destructeur d’environnement !
De la même façon, il serait contre-productif de voir dans ces récents
épisodes pyrogéniques un quelconque lien, même ténu, avec des
événements particulièrement secs, comme « La Niña », qui affectent un
peu trop commodément cette partie du Pacifique comme en atteste assez
stérilement le Climate Prediction Center dont
on se doute qu’il roule un petit peu trop pour Trump, à l’évidence. Et
puis à la limite, tenir compte de ces phénomènes cycliques serait assez
probablement faire le jeu des fachistes du turbolibéralisme
carbopollueur !
De même, est-il vraiment pertinent de rappeler que, dans le budget fédéral de prévention des incendies, le travail de débroussaillage des forêt fédérales a été supprimé il
y a de nombreuses années ? Est-il utile, pertinent même, de lourdement
rappeler que certains États de la région ne font pas leur travail
préventif ? Bien sûr que non puisque ces causes sont directement
imputables aux administrations et aux décisions politiques. Et chacun
sait (ou doit savoir) que les décisions politiques, toujours prises en
concertation avec les citoyens et en accord avec les promesses
électorales, aboutissent forcément à des actions positives et efficaces.
Ainsi, au contraire des autres activités humaines qui, polluantes,
font grimper les températures, diminuent les précipitations et
provoquent des catastrophes depuis ces incendies jusqu’à l’élection de
gens pas comme il faut à des postes importants, l’évaporation des
budgets de débroussaillage et le jmenfoutisme fédéral ne doivent pas
être évoqués tant il est clair que ceci reviendrait à faire de la
propagande néolibérale anti-gouvernement. Ce qui serait pro-Trump, voire
fasciste, rappelons-le.
Atlantico 26/09/2020