Merci pour cette relation surréaliste morbide... morbide ? désespérée ? désespérante ?
A mes heures perdues (elles sont nombreuses), il m’arrive de croire être un adepte du bouddhisme zen... j’entrave un peu la langue de Murasaki Shikibu et de Mishima Yukio... et donc, il m’est arrivé d’aller croiser les jambes, comme une grenouille, et de sécher, macérer sur pieds ou plutôt sur genoux, en lotus (ouille-ouille-ouille...), en za-zen la majeure partie d’une longue journée, 7 fois renouvelée ; toutefois, dans cet austère et interminable emploi du temps, il y avait, juste après la si maigre collation du midi, l’enseignement du Maître !
Devant les bonzes et les quelques masochistes laïcs de passage, l’auguste gnome barbu commentait des textes décisifs mais obscurs (« Passe sans porte », etc.), avec l’espoir de faire jaillir la lumière dans les bûches respectueusement rassemblées autour de lui... mais ces bûches humaines dodelinaient, s’inclinaient doucement dans le vent des rauques paroles, bustes bûches tournant lentement sur les bassins rivés au tatami !
C’était leur façon à eux de s’endormir, de faire des micro-coupures (interdites sous peine de bâton pendant la méditation) pour grapiller un soupçon de sommeil réparateur... à la fin, toute l’assemblée s’y mettait, y compris les bonzes d’âge, les acolytes proches du Rôshi, qui piquaient du nez, enfin du buste, aussi bien que les novices...
Ayant fait plus tard part de mon étonnement devant ce laxisme étonnant vis-à-vis de l’audience, on me répondit avec un grand sourire qu’il n’était pas nécessaire que les gens soient réveillés pour qu’ils s’éveillent et que l’enseignement du Maître pénétrait et résonnait directement en eux, dans la Vacuité (Mû !), au-delà de la forme.
Voilà, vous ne saurez donc jamais l’effet de votre action sur cette conscience si inconsciente... celle du grabataire mais la vôtre aussi, y a-t-il vraiment une différence ?