@Thierry SALADIN
Bonjour et merci pour votre visite comme pour votre interrogation.
I— Le RIC (référendum d’initiative citoyenne) qui fut au cœur des
revendications des Gilets jaunes (ce qui explique pourquoi son idée a été soigneusement écartée) a pour objectif de faciliter la
consultation du peuple, sans associer le Parlement en amont comme c’est
le cas pour le référendum dit « d’initiative partagée ».
Le RIC
permettrait à n’importe quel citoyen de :proposer des lois ;demander l’abrogation d’une loi ;révoquer des élus, c’est-à-dire de demander le départ d’un responsable politique au cours de son mandat ; modifier la Constitution, approuver ou non des traités. Il s’agit là d’un outil qui, à mes yeux, mériterait d’être sérieusement considéré en ce qu’il pourrait, en étant utilisé intelligemment (et pourquoi ne le serait-il pas ?) faire utilement « respirer » la démocratie. Il permettrait surtout d’éviter que la « fabrication législative » ne soit que l’apanage, le privilège exclusif (je pèse mes mots) d’une représentation parlementaire devenue chambre d’écho et d’enregistrement d’une majorité parlementaire au pouvoir. Je ne vois pas pourquoi en effet des idées, des propositions, ne seraient pas produites par d’autres que les parlementaires.
La Constitution prévoit la possibilité d’un référendum dit "d’initiative
partagée", pouvant être lancé par un cinquième des membres du
Parlement, soutenus par un dixième des électeurs, soit plus de 4,5
millions de personnes. Un site Internet a même été conçu pour soutenir
les éventuelles propositions.Le système, intéressant, devrait être constitutionnellement favorisé pour rendre son utilisation effective en suscitant et sollicitant les idées, propositions, initiatives qui, une fois montées à la vie juridique, pourraient être discutées, pesées, mesurées, encouragées en veillant à éviter les initiatives excessives répondant à des effets de mode mais aussi en innovant.
Il existe dans certains pays différentes formes de RIC qui fonctionnent très bien, comme en Suisse où le dispositif
existe depuis le XIXe siècle en permettant aux électeurs d’être régulièrement appelés à voter, souvent sur plusieurs thèmes à la
fois. En Italie, la Constitution prévoit qu’un scrutin se tient à la
demande d’au moins 500 000 électeurs ou cinq conseils régionaux.
II---La place me manque pour développer le second thème mais je vous renvoie à un très bon article auquel je souscris pleinement https://www.le-democrate.fr/actas. Résumons-le en disant qu’il n’y a rien à craindre d’un tirage au sort qui, là encore à mes yeux, serait beaucoup plus qu’une expérience intéressante mais offrirait un outil franchement intéressant pour réellement faire participer chacun à la prise en main de ses affaires tant personnelles que publiques. Cela obligerait à sortir des ornières mentales et des jeux politiques et partisans habituels.
L’assemblée
constituante tirée au sort travaillerait publiquement et tout citoyen
devrait pouvoir observer et commenter le travail des tirés au sort
(Internet peut être bien pratique pour ce faire). Ces derniers ont tout
intérêt à y prêter attention car leur projet de constitution devra être
approuvé par référendum (on peut même envisager de laisser la
possibilité à l’électeur d’approuver ou de refuser chaque article).
Ainsi, quand bien même un improbable hasard ferait que des personnes
majoritairement malintentionnées seraient désignées par le tirage au
sort pour rédiger la constitution, leur proposition ne serait pas
approuvée lors du référendum constituant et une nouvelle assemblée
constituante serait formée.
Je vous invite tout comme les lecteurs intéressés à lire attentivement l’article précité
https://www.le-democrate.fr/actas (je n’ai aucun lien avec ses auteurs dont l’exposé et le traitement de la question que vous posez constituent une très bonne base de travail) qui pose des questions intelligentes et répond à mon avis de manière précise à des préoccupations bien normales. Il y a là matière à entreprendre une expérience innovatrice mais surtout une occasion formidable de revivifier une vie démocratique qui s’est sclérosée à un tel point qu’elle n’intéresse plus personne au point de laisser se dérouler des élections ineptes avec des pourcentages d’élus qui ne représentent rien, comme on a pu le voir récemment. Je suis persuadé pour ma part qu’il suffirait peu de choses pour faire revenir à la vie politique et à la participation à la vie citoyenne tous ceux qui s’en sont éloignés parce que usés et lassés de de ne pouvoir exercer un vote utile. Ce serait là la fin des alternances politiques sur le mode « essuie—glace » et du « changement dans la continuité ». Une réelle disruption, en quelque sorte.
Cordialement,
Renaud Bouchard