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Commentaire de éric

sur Chômage, dividendes et Constitution d'origine citoyenne


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éric (---.---.46.14) 17 mai 2006 06:50

Je confirme votre commentaire :

Mathématiques sociales à l’usage des gouvernants et surtout des autres…

L’exemple de la relance de la consommation sans augmenter les revenus ni toucher à l’épargne.

L’un des moteurs de l’économie réside dans la consommation des ménages. Or cette dernière n’est pas au beau fixe. Taux de chômage élevé et précarité des situations professionnelles incitent davantage à épargner qu’à consommer (si l’on a de l’argent sinon à se priver). Comme le credo n’est pas à l’augmentation des salaires, que les baisses de l’impôt sur le revenu ne concernent pas la « vraie » classe moyenne (voir mon billet) et que l’état providence est une notion dépassée aux yeux de nos décideurs, il convenait de trouver d’autres voies. Celle du crédit semble la préférée de notre gouvernement. Il est vrai qu’elle cumule bien des avantages, surtout à un an d’échéances électorales :

- L’achat à crédit permet de consommer immédiatement et donc de relancer l’activité économique.
- Il remet à plus tard (au-delà des élections) les problèmes majeurs de remboursement.
- Il maintient le débiteur (salarié le plus souvent) dans un état de dépendance (en droit) vis à vis de sa banque et de fait vis à vis de son employeur (le salaire).
- Comme il ne faut pas mordre la main qui nous nourrit c’est moins de revendications en perspective.

La première équation est donc :

PRÉCARITÉ+DÉPENDANCE=DOCILITÉ

Mais le système du crédit fait planer l’ombre du surendettement. Le principe actuel de la plupart des emprunts repose sur les revenus du débiteur. Plus ils sont élevés, plus il peut s’endetter. En période de hausse des salaires et des allocations inférieure à l’inflation la capacité à s’endetter de la sorte diminue et avec elle la consommation. Dés lors, il faut modifier le système.

Deux voies sont choisies : le crédit hypothécaire et le micro crédit ;

- le crédit hypothécaire :

Il permet à un ménage de s’endetter non plus seulement en fonction de ses revenus mais aussi et surtout en fonction de ce qu’il possède. Ce système vise grandement la classe moyenne qui peut avoir quelques biens. Le ménage pourra s’endetter donc en fonction de la valeur de sa maison par exemple, et au fur et à mesure de ses remboursements sa capacité à s’endetter s’accroîtra de nouveau. Cela est séduisant. Mais pour rembourser il faut des revenus. À défaut c’est la saisie du bien donné en garantie. Le ménage sera d’autant plus enclin à accepter une baisse de ses droits (du travail) qu’il aura du mal à rembourser.

La deuxième équation est alors :

PRÉCARITÉ+DÉPENDANCE+RISQUE DE PERTE DE SES BIENS=GRANDE DOCILITÉ

Décidément l’interconnexion des règles du droit du travail et de celui du crédit se fait dans un sens défavorable aux classes moyennes.

Pour les plus pauvres aussi il faut agir. Ceux qui n’ont plus rien à perdre constituent un carburant hautement inflammable car dans notre troisième équation :

PRECARITE + BAS SALAIRES= MOTIVATION A TRAVAILLER TOUJOURS PLUS

si la partie de gauche de l’équation tend vers le bas et celle de droite vers le haut. Cette tendance risquerait fort bien de s’inverser pour des valeurs très faibles de salaire et très hautes de précarité.

Quand l’espoir s’annule, la révolte tend vers l’infini.

Cela nous amène donc à la seconde voie : le micro-crédit : pour les plus pauvres et les exclus ;

- le micro crédit :

L’Élysée fixe un objectif pour 2006 de 27000 nouveaux crédits de ce type et de 2007 à 2009 40000 nouveaux bénéficiaires par an. Ce qui, au passage, signifie que l’Élysée estime que la pauvreté va s’accroître dans la même proportion.

Le système doit être suivi et coordonné par des bénévoles (inactifs et retraités notamment). C’est à dire des individus assez aisés par ailleurs pour se permettre d’exercer une activité gratuitement. Pourquoi ne pas prévoir de créer des emplois rémunérés pour cela ? Pourquoi ne pas augmenter les revenus afin d’éviter la chute d’individus dans la pauvreté ? Parce que la pauvreté est l’étendard noir qu’il faut agiter devant les classes moyennes afin de freiner leurs revendications. Et, finalement, voir plus pauvre que soit c’est déjà apprécier sa situation. Le micro crédit maintiendra les plus pauvres la « tête hors de l’eau » et leur donnera espoir, juste ce qu’il faut pour contenir une révolte issue d’un raz le bol prévisible.

Donc quatrième équation :

PAUVRETÉ RÉGULÉE+ESPOIR= STABILITÉ SOCIALE

En conclusion reprenons nos équations et voyons si nous pouvons les fusionner en seule garante de la sauvegarde des intérêts des plus aisés.

Pour les classes moyennes nous avons :

PRÉCARITÉ+DÉPENDANCE=DOCILITÉ

PRÉCARITÉ+DÉPENDANCE+RISQUE DE PERTE DE SES BIENS=GRANDE DOCILITÉ

Pour les plus pauvres :

PRÉCARITE + BAS SALAIRES= MOTIVATION À TRAVAILLER TOUJOURS PLUS

PAUVRETÉ RÉGULÉE+ESPOIR= STABILITÉ SOCIALE

Ce qui donne donc :

PAUVRETÉ RÉGULÉE+ESPOIR+PEUR DE LA CLASSE MOYENNE= DOCILITÉ +STABILITÉ SOCIALE

Qui manque dans l’équation ? Les catégories aisées. Pourquoi ? Parce-que ce sont elles qui l’ont mis au point.


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