En 1944, les gardes-côtes américains décident d’établir une station radio sur cette île isolée de la Mer de Berring. Une vingtaine d’hommes y sont installés, ils apportent avec eux 29 rennes destinés à agrémenter l’ordinaire en leur fournissant de la viande. Cependant la station radio est rapidement démantelée et les rennes, qui ont échappé à la boucherie, sont abandonnés sur place.
En 1957, des chercheurs visitent l’île. Ils découvrent avec surprise qu’elle abrite une imposante colonie de rennes. L’île fait 320km², elle n’abrite aucun prédateur et elle riche en lichen, un des aliments favoris des rennes : les 29 animaux débarqués 13 ans plus tôt se sont multipliés sans entraves et la population atteint désormais 1350 individus, tous bien portant.
1963, nouvelle visite. Ce sont désormais 6000 rennes qui occupent l’île. Mais les lichens ont pratiquement disparus et la colonie se nourrit désormais d’herbe.
Trois ans après, une nouvelle expédition trouve l’île jonchée de cadavres : seuls 42 rennes sont encore vivants. En quelques mois, la population s’est écroulée de 99%. Les rennes de l’île de St Matthews ne s’en remettront jamais : ils s’éteindront totalement dans les années qui suivent.
On sait que les prévisions malthusiennes ont toutes été mises en défaut jusqu’à présent, principalement parce qu’elles ne prenaient pas en compte l’augmentation de la productivité : l’homme dépend de la nature mais pas aussi directement qu’un renne, il consomme des produits qu’il crée lui-même à partir des ressources naturelles et il est capable d’apprendre et de rendre ce processus plus efficace de telle sorte qu’une ressource fixée peut satisfaire les besoins d’une population grandissante.
Pour autant, la productivité ne peut pas augmenter à l’infini, ne fait-elle que retarder la catastrophe ?
Si c’étaient des hommes et non des rennes qui s’étaient trouvé sur St Matthews, ils auraient peut-être pu organiser la préservation du lichen en interdisant sa consommation sur certaines zones pour qu’il ait le temps de repousser, réserver l’usage de cette ressource aux individus fragiles, stocker l’herbe en été pour éviter une pénurie pendant la période hivernale...
Bien sur de telles mesures auraient heurté les habitudes, et on peut imaginer des contestations : une faction certaine de ne rien avoir à craindre de la catastrophe à venir qui affirme que le diagnostic est inutilement alarmiste, que seule compte la croissance (de la population)... Être collectivement conscient du danger et connaitre les solutions ne suffit malheureusement pas toujours à y échapper. Mais au moins il n’y a pas de fatalité.
22/08 20:50 - Pierre Régnier
22/08 19:35 - wpjo
@Pierre Régnier « Démocratiquement ». Ça veut dire su les uns font 3 fois plus de bébé que les (...)
22/08 18:49 - wpjo
@Jeekes Ça doit être lié à l’âge. Plus que je vieillis, plus que je me reconnais en (...)
22/08 18:47 - wpjo
@wpjo Et si l’on refuse de maîtriser la démographie, on court droit à la catastrophe (...)
22/08 18:45 - wpjo
@charlyposte 20 milliards ? Tout à fait, mais en divisant le niveau de vie du français moyen (...)
22/08 18:13 - Krokodilo
Il y a donc une marge de négociation entre pays riches et en voie de développement, ou (...)
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