Dans un commentaire sur un article à propos de la « psychiatrisation
du prévenu », je disais que les délinquants n’avaient pas plus de
place que les malades dans une société où il faut qu’il ne se passe rien.
On fait de la délinquance ou de la criminalité des anomalies
de la santé mentale comme on fait de la contagion une anomalie de la santé tout
court dans un monde où il ne s’agit plus de comprendre et contrôler les
défenses naturelles, mais dans lequel les pathologies sont interdites,
asociales, puisque les sanctions sont l’isolement, le confinement et la quarantainier.
Le passeport intérieur (passe sanitaire) fonctionne alors comme le
livret de circulation des forçats, des manouches et des gitans.
Tout cela est en effet une gigantesque manipulation, mais
celle-ci ne peut fonctionner que si elle s’appuie sur une « philosophie de
la peur », certes, mais la peur de quoi ? La peur d’un monde où il
faut s’assumer et l’illusion qu’il serait possible d’ »interdire » la
maladie pour ne pas être malade, comme on pourrait considérer que les
délinquants sont des malades mentaux qu’il faut isoler définitivement (on a
renoncé à la soigner).