@eau-pression
« La question qui se pose c’est : sur quelle légitimité se fondaient nos officiers pour ordonner à leurs soldats des opérations terroristes atroces ? Ce ne peut être que le sentiment d’une juste cause à la conquête. »
Les officiers ne fondent pas leur action sur une quelconque légitimité mais sur l’obéissance à leur État Major. Au delà, c’est la sphère mediatico-politico-financière qui décide et qui justifie ce qui l’arrange. C’est systématique dès qu’il s’agit d’opérations extérieures visant à soumettre et à s’approprier des territoires.
Concernant l’Algérie et la colonisation de l’Afrique en général, il était de bon ton, à l’époque, dans la société civile, de justifier nos conquêtes par l’apport civilisationnel dont allaient pouvoir bénéficier les sauvages que nous envahissions... Les 132 années de massacres, de spoliation et de soumission ont en effet permis aux habitants de l’Algérie d’apprécier cette bonté...
Mais la justification trouvait également ses sources dans la misère calamiteuse qui sévissait en France et en Occident en général. Victor Hugo aura eu l’ingénue franchise de l’avouer :
« Prenez cette terre à Dieu. Dieu donne la terre aux hommes, Dieu offre l’Afrique à l’Europe. Prenez-la. [...] Versez votre trop-plein dans cette Afrique, et du même coup résolvez vos questions sociales. »...Victor Hugo, extrait du discours sur l’Afrique en mai 1879.
« Je trouve personnellement très injuste que De Gaulle ait refusé aux harkis le droit à cet orgueil, car lui-même n’en manquait pas. »
De Gaulle n’avait pas de temps à perdre avec l’Algérie dont il savait pertinemment que les différentes parties ne se réconcilieraient pas de sitôt, quoi qu’il fasse... Comme je l’indique plus haut, il devait se consacrer à maintenir la souveraineté française face à l’Amérique et au traité de Rome récemment mis en application.
D’autre part, jamais un vrai chef – surtout un militaire – n’a eu de considération pour les traîtres du camp d’en face, même s’il les utilisait à son avantage. Il n’a donc pas d’obligation de responsabilité quant à leur sort final. C’est une loi tacite mais une loi de la guerre quand-même... Quelles qu’aient été leurs raisons, concernant le sort que leur ferait la France ou celui que pourrait leur réserver l’Algérie, les Harkis ont pris ce risque, pour eux-mêmes et pour leurs familles.