@M. Robert
Comme dans votre intéressant et
courageux article sur l’autorité, ici s’agissant de
l’opinion, je crois que vous laissez confondre le plan
psychologique et le plan sociologique, risquant à votre tour de
céder à la logique infernale de l’opinion... sur l’opinion de
l’opinion qui se critique comme tel, qui se met ainsi en abîme.
Cette mise en abîme là, me semble
inhérent au paradoxe psychique instable de la subjectivité, du Moi
opinant, sur-égoïsé par la logique marchande « communicante »
de l’homo-économicus aliéné qui se cherche ou se contemple dans
l’insondable trou noir de sa propre énonciation auto-référentielle
débattante, dans le miroir narcissique de la valeur fétiche,
l’estime de soi des normes de négociation marchandes.
Au plan collectif, psycho-sociologique, l’opinion peut ainsi sembler
être « l’ego-réso narcissique collectif » qui ne
se cherche et ne se contemple que dans le spectacle médiatisé
de lui-même, au sens de Debord, évidement
hors de toute corporalité.
D’où l’idée radicale que l’opinion,
et son corollaire, le faux débat, est en soi le trouble
psychopathologique local (le « selon moi je pense
que...entre moi & moi ») d’un trouble sociopathologique
global (« soyons les fous qui dirigent l’asile-spectacle du faux
dialogue de sourds »). A la fois renoncement à vivre et à
être :
- du processus personnel de dé-subjectivation
mentale (pseudos, avatars) connexe à celui de dé-objectivation
corporel, sensoriel, sexuel, genriste, sanitaire, vaccinal etc...
-
et du processus collectif de dé-subjectivation politique connexe à
celui de dé-objectivation communal, territorial, national, syndical
du « corps social » biologique charnel.
Or le
principe clef de ce phénomène n’est pas le fait des rézosocios qui
n’en furent que le techno-déploiement à grande échelle prévisible,
déploiement oui totalitaire, parallèle au déploiement
totalitaire de la valeur marchande comme médiation universelle et
finalité autonarrative d’elle-même.
La génération
individualiste de 68 gauchisante (qui les as conçus, ces résos,
moi-même compris !) en était déjà l’amorçage
pionnier, la virtualité de l’espace numérique en moins ! Mon
premier développement de serveur de reso-social virtuel
d’entreprises date de 1996 ! Et nous avions compris qu’il y a
avait là une « bombe atomique psycho-sociale
subversive » qui nous échapperait comme nous échappe
la psycho-patho-logique de la finance virtuelle.
Le fait d’avoir co-conçu
l’architecture embryonnaire logique-logicielle de cet enfer virtuel
m’a vacciné de l’idée d’y céder, et plus généralement de
céder à l’opinion publique, fausse monnaie de la pensée,
antithèse du dialogue qui n’est que la forme psycho-monétaire
de l’aliénation marchande.
Eh bien peut-être que la prophylaxie
pédagogique consisterait à encourager les jeunes à ré-inventer
cette technologie socio-numérique monstrueuse par eux-même, la
décortiquer, s’en approprier les principes de modélisation de la
relation humaine pour « anatomiser » le monstre, le
démystifier, l’abolir de leur esprit.