’’les belles théories de ruissellement dont on ne voit jamais que quelques gouttes’’
En matière progrès industriel, il n’y a que deux politiques possibles : transformer les gains de productivité en augmentation de la production, ou en augmentation du temps libre. La première solution est dangereuse dans un monde de surproduction pour deux raisons : la première raison, c’est que l’appareil productif se cancérise ; la seconde raison c’est parce que elle induit de fait un système ploutocratique. La ploutocratie étant le gouvernement par les riches dont la seule justification serait la théorie de ruissellement si cette théorie n’était invalidée par les faits.
« Le pauvre ne doit jamais ni voler, ni tromper le riche (…). La conscience du pauvre lui rappelle dans cette circonstance qu’il ne vaut pas mieux qu’un autre et que, par l’injuste préférence qu’il se donne, il se rend l’objet du mépris et du ressentiment de ses semblables comme aussi des châtiments puisqu’il a violé ces lois sacrées d’où dépendent la tranquillité et la paix de la société.
« Celui qui doit modérer ses appétits et renoncer à l’injuste préférence qu’il se donne, c’est donc le pauvre. Le riche, lui, travaille (hem !), non pas pour s’enrichir lui-même, mais pour enrichir la société
« De fait, le libéralisme, est fondé sur le sophisme suivant : « ce qui est bon pour le riche est bon pour la société dans son ensemble » d’où découle le non moins choquant « greed is good » (la main invisible faisant ce qu’il faut). Ainsi, on amalgame enrichissement individuel et enrichissement collectif, profit et richesse, investissement et spéculation, et l’on justifie dans un jeu à somme nulle, voire mortifère, le principe de socialisation des pertes, privatisation des profits. » (Adam Smith, cité par Dany-Robert Dufour, « La cité perverse)