@gruni
Quelques repères pour situer le débat.
« …deux écueils sont à éviter : l’un consistant à
négliger le rôle des luttes et les rapports de force dans l’histoire de l’égalité,
l’autre consistant au contraire à les sanctifier et à négliger l’importance des
débouchés politiques et institutionnels ainsi que le rôle des idées et des idéologies
dans leur élaboration. La résistance des élites est une réalité incontournable à
l’époque actuelle au moins autant qu’à celle de la Révolution française. Elle
ne peut être vaincue que par de puissantes mobilisations collectives et lors de
moments de crise et de tensions. Pour autant, l’idée selon laquelle il
existerait un consensus spontané au sujet des institutions justes et
émancipatrices et qu’il suffirait pour les mettre en place de briser la
résistance des élites est une dangereuse illusion. Les questions telles que l’organisation
de l’Etat social, la réforme de l’impôt progressif et des traités internationaux,
les réparations postcoloniales ou la lutte contre les discriminations ont une
complexité et une technicité qui ne peuvent être dépassés que par le recours à
l’histoire, la diffusion des savoirs, la délibération et la confrontation des
points de vue. »
Thomas Piketty, une brève histoire de l’égalité, 2021, Seuil
page25.
Je pense que nous sommes dans cette séquence historique, chacun à notre échelle. Je préfère le mot
équité à égalité mais peu importe. C’est une perspective qui vise à éviter la
violence comme moyen et ultime rempart politique d’où qu’elle vienne et c’est crucial étant
donné la puissance de destruction et de contrôle des populations dont nous
disposons et ce n’est pas fini. Ce travail nous concerne tous selon nos disponibilités,
nos compétences, nos talents et nos
envies. Il y a du travail pour plusieurs générations mais ce n’est pas nouveau.
Je pense aussi que dans la transition des générations tout peut être remis en
cause ou amélioré. Intéressant d’observer également ce que l’école française
est capable de produire comme élite venue de la promotion sociale au regard de
la suffisance souvent présente chez les
élites de l’héritage économique et culturel.