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Commentaire de Étienne Chouard

sur Chômage, dividendes et Constitution d'origine citoyenne


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Étienne Chouard Étienne Chouard 18 mai 2006 09:32

Pan sur le bec smiley

Bon, je sentais bien que c’était risqué et ça se confirme : je me suis trompé.

Heureusement que Gem veillait au grain et, d’une certaine façon, heureusement qu’il ne m’aime pas trop : cette hostilité a dû le rendre particulièrement suspicieux et donc sagace.

Bienveillants à mon égard, aucun des amis à qui j’avais soumis cette analyse n’avait pensé à la partie double du TEE. Sans doute sommes-nous tous trop pressés, et surtout, aucun de nous n’a-t-il l’habitude d’utiliser les agrégats.

Je l’ai dit expressément dans mon texte : je cherche un chiffre que je ne trouve pas (la ponction totale des dividendes sur la valeur ajoutée), je farfouille dans le TEE (dont je découvre le détail à l’occasion) et j’essaie de m’y retrouver. Conscient que je peux me tromper, je vous appelle à la rescousse pour me contrôler... et ça fonctionne très bien : je commettais une erreur de débutant (que je suis en la matière) et dans les 12 heures, je m’en aperçois et je peux la corriger. Super.

Je manque seulement de temps pour la corriger vite, ce qui n’est pas bien, c’est vrai, mais nécessité fait loi, j’ai un métier et pas autant de temps que je le voudrais. En plus, je n’ai pas la possibilité de corriger mon article de base (Agoravox ne le permet pas). C’est donc un correctif que je publierai ici. Donnez-moi quelques jours, s’il vous plaît. Vous pouvez m’aider, ce n’est pas interdit smiley

Donc, cher gem, (je ne connais pas votre nom), je ne suis pas d’accord avec vous quand vous me dites : « votre tentative était présomptueuse. Elle a lamentablement échoué. » Outre que ce n’est pas très aimable, c’est surtout mal me juger :

Étais-je « présomptueux » quand je vous écrivais en introduction : « J’ai besoin de votre esprit critique. (...) Pour étayer cette thèse, je cherche les chiffres exacts... (...) J’ai trouvé sur le site de l’INSEE un tableau que j’ai peur de mal utiliser et je vous sollicite pour me corriger si je me trompe : (...) Chers amis, ces chiffres me paraissent extravagants, exorbitants... Est-ce que j’ai commis une erreur quelque part ? » Etc.  ? Relisez-moi : je vous questionne presque partout, je me repose sur vous, j’attends de vous confirmation ou infirmation pour me donner de la force ou au contraire infléchir le cours de ma pensée... C’est présomptueux, ça ?

Et grâce à la lumière constructive de votre critique sans ménagement, les progrès que je fais vers le chiffre que je cherche sont-ils vraiment un « échec lamentable » ? Je ne crois pas. À ce rythme, j’aurais bientôt mon chiffre et, si vous restez aussi vigilant qu’au premier jour, il finira même par devenir parfaitement irréfutable smiley

C’est donc sincèrement que je vous remercie, et sans la moindre rancune pour une hostilité qui repose, j’en suis sûr, sur des malentendus : je suis sûr que vous cherchez comme moi à participer, un peu, au bonheur des hommes. Vous avez seulement des peurs différentes des miennes. Nous devrions évaluer mutuellement nos peurs, pour nous renforcer ensemble.

Ça me rappelle le débat référendaire et je retrouve ce même mur d’incompréhension mutuelle qui ne demande pourtant qu’à tomber si on se respecte un peu et si on se dit, quelques instants pour voir, pour débloquer l’échange, qu’on a tort soi-même sur quelques points et que l’autre a raison... Ça, c’est magique pour progresser ensemble alors qu’on était prêts à s’empailler peu de temps auparavant smiley

Donc, le chiffre que je cherche est sans doute moins élevé que ce que mon erreur m’a laissé croire au premier abord, mais je ne pense pourtant pas que cette correction changera fondamentalement la logique de ma thèse (on verra).

Quand j’apprends, par exemple, que les seules 40 entreprises du CAC ont versé 30 milliards d’euros de dividendes en 2005, je trouve qu’on est déjà dans des sommes astronomiques, dont une partie pourrait aisément servir à donner du travail aux gueux.

La ponction pour toutes les sociétés par actions de France, financières ou pas, c’est donc forcément plus que ces 30 milliards qui ne sont qu’une partie de ce que je cherche. Combien ? Le mystère demeure, pour l’instant.

Tout se passe donc comme prévu, je progresse smiley

Bien sûr, j’aurais préféré ne pas me tromper (j’essaie d’éviter, autant que possible), mais l’essentiel est de progresser.

Ce que j’aurais dû faire, c’est, dans un premier temps, seulement poser ma question sur les chiffres, attendre les objections pour corriger ce qui n’allait pas, et ensuite, plus tard, une fois les chiffres confirmés, proposer ma thèse. C’était maladroit de tout présenter d’un coup... Enfin, je fais ce que je peux, je n’ai manifestement pas assez d’une vie pour faire tout ça tout seul comme il faut... smiley

Bon, il va falloir corriger mes chiffres maintenant... Voulez-vous m’aider, gem ? Pourriez-vous m’expliquer cette phrase que vous avez écrite ?

« Les rentiers, ce sont les retraités, les grands malades, les familles nombreuses, les RMIstes et les chômeurs de longue durée... et les actionnaires pour seulement 15 à 20 %. » Que voulez-vous dire ? Vous parlez bien de la ligne « Revenus distribués des sociétés » ?

Je suis fatigué de ne dormir que trois heures par nuit, je vais préparer un message court de mise en garde (Attention, erreur !) pour les nouveaux venus, le placer assez près du message de tête, et puis je réfléchirai à mes nouveaux chiffres un peu plus tard ;o)

Important : mon erreur de lecture des chiffres bruts à la source de l’INSEE ne devrait pas faire diversion : le thème de la participation honnête des salariés aux plus graves décisions de l’entreprise, pour avoir été mille fois étudié par les hommes, n’en est pas pour autant épuisé et rien ne prouve que ce soit une vielle lune, comme certains voudraient nous le faire croire : ce n’est pas parce qu’on a échoué qu’on échouera toujours, heureusement.

J’aimerais, à ce sujet, que Sylvain Reboul nous explique un peu en détail les forces et les faiblesses du système allemand de cogestion qu’il semble bien connaître, ainsi que les points de blocage qui gênent (sans doute) la progression de ce système aujourd’hui.

Dans le même ordre d’idée, mon idée de Constitution d’origine citoyenne (écrite sans les parlementaires qui sont juges et parties au processus constituant, ce qui explique, à mon avis, l’absence depuis la nuit des temps de contre-pouvoirs réels et l’impuissance des citoyens contre l’État en cas de dérive tyrannique) cette idée, donc, devrait plaire aux libéraux, non ?

Je me sens évidemment libéral, à ma manière, mais on nous a volé ce beau mot et cette belle idée pour mener en douce un projet de brigands. Véritable enjeu de pouvoir que la maîtrise des mots, assurément.

À ce sujet, je vous recommande « LQR, la propagande du quotidien », d’Éric Hazan (Raisons d’agir, 2006) : c’est une mine inépuisable d’observations perspicaces et de réflexions utiles pour comprendre le rôle des mots dans le verrouillage des pouvoirs par ceux que j’appelle les cratocrates (de kratos : pouvoir, et kratos : pouvoir smiley.

Merci à tous pour votre patience et pour votre bienveillance.

Le pire n’est pas certain, mais le progrès fait rage smiley

Amicalement.

Étienne.

PS : sur le NAIRU et sur la corrélation entre le montant des dividendes distribués et le niveau du chômage de masse, je répondrai à gem plus tard.

PS : et pardon pour la longueur de ce message fleuve.


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