Si on ne maintenait pas l’illusion le petits soldats refuseraient de se battre.
La guerre, la vraie, c’est la boue, la sueur, le sang, l’urine et la trippe répandue.
La guerre c’est la mort, la survie, la culpabilité (d’avoir survécu), la peur qui vous glace la nuit, l’incroyable exaltation d’être vivant, un sentiment de toute puissance, un afflux constent de testostérone, le regard qu’on ne peut retenir à la moindre pétarade.
C’est un truc bizarre, c’est dégueulasse et c’est grandiose.
Putain, on est quand même des bestiaux compliqués !
Moi j’ai vécu le combat rapproché, pas les tranchées et la tuerie de masses, mais le combat d’escarmouches, d’embuscades, de chasses aux snipers, de patrouilles d’une infinie monotonie jusqu’à ce que sa tire d’on ne sais où, les mines, les pièges, les autochtones prêts à t’aider ou te faire la peau, tu ne sais jamais.
Je sais que je suis un taré, un anormal, parce que j’en suis sorti indemne, pas traumatisé, comme si un autre moi, pas moi, avait combattu.
Je me demande si je ne m’en sort pas mieux que ceux qui faisaient, qui font, la guerre à distance (pilotes, artilleurs, ...) et qui prennent conscience d’un coup qu’ils ont massacrés des êtres humains.
Moi au moins, je les ai vus en face, j’ai vu leur armes, j’ai l’excuse de l’instinct de survie à quoi me raccrocher ...