• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Kaa

sur Les historiens militants à l'assaut du Puy du Fou


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Clark Kent Kaa 3 avril 2022 12:00

@Clocel

Le plus rigolo, dans le récit officiel actuel, à part Vercingétorix et Jeanne d’Arc qui sont quand même les deux divinités majeures, c’est de constater à quel point tous les régimes politiques (républiques et empires) qui ont succédé la Révolution française se sont ingéniés à conforter les « acquis » du pouvoir monarchique absolu en matière de territoire national.

Un exemple : l’ancienne cité de La Mothe, en Bassigny.

Cette place forte avait été fondée 1258 sur une terre champenoise, en limite du duché de Lorraine, qui était alors un état d’Empire. Grâce à sa position et à son architecture fortifiée, elle était devenue la ville la plus puissante de Lorraine après la capitale du duché, Nancy. Important centre commercial et militaire, la cité a compté jusqu’à 4 000 habitants et soldats.

Au 17ème siècle, pendant la guerre de Trente Ans, le duc Charles IV de Lorraine avait pris parti pour son suzerain, l’empereur, contre son cousin le roi de France. Il a rapidement perdu toutes ses possessions excepté La Mothe, qui ne s’est rendue à Richelieu que le 26 juillet 1634, après 141 jours de ce premier siège. Rétrocédée au duc en 1641, la ville a été à nouveau soumise à un siège en 1642, puis libérée par Charles IV qui a écrasé l’armée française à Liffol-le-Grand.

Mais la ville a de nouveau été assiégée en décembre 1642, etMazarin a poursuivi l’œuvre de son prédécesseur en ordonnant de reprendre le siège le 4 décembre 1644. Les bombes (utilisées pour la première fois dans un conflit en Europe), le froid, puis la famine ont eu raison des assiégés qui se sont rendus le 1er juillet 1645, après 205 jours de résistance.

Contrairement à ce qui avait été convenu lors des accords de reddition, Mazarin a fait démolir non seulement les fortifications, mais aussi tous les bâtiments : la ville a été entièrement rasée. La population qui a été chassée de la ville-forte est évaluée à 3 000 personnes.

Il s’agissait d’ffacer de la mémoire des Lorrains toute trace de leurs propres racines, et la plus étonnant, c’est que les révolutionnaires ont pris la peine de situer le site en ruines de la forteresse dans le département de Haute-Saône, en Franche Comté. Depuis, le tracé des départements est resté le même, et le but de Mazarin a bien été atteint : les traces d’un passé lorrain en-dehors de la France a été gommé. Mieux : la Lorraine et l’Alsace (qui avait été rattachée au royaume de France avant sa voisine) sont devenues, après la parenthèse 1870/1918, lesymbole-même du caractère « sacré » du territoire national… éternel ( ?).

Toujours est-il qu’il faut aller chercher l’histoire de La Mothe dans les guides touristiques ou dans des œuvres romanesques pour en avoir connaissance, et pas dans le récit officiel du programme de l’Education Nationale. Je me demande ce qu’on raconte aux enfants de la Vésubie, à part l’histoire du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès