En fait, la règle qui prévoit une indexation des pensions de
retraite sur l’inflation depuis 1993 est régulièrement mise à mal par une sous-indexation.
En 2019, le gouvernement avait décidé de ne les revaloriser
que de 0,3 %, alors que l’inflation s’élevait à 1,8 %. Cela avait permis une
économie de 2 à 3 milliards d’euros.
Le Conseil constitutionnel avait refusé la possibilité de
prolonger cette sous-indexation en 2020, ce qui a obligé le gouvernement à
revenir devant le Parlement et, finalement, Macron avait proposé une
sous-indexation seulement pour les pensions supérieures à 2000 € jusqu’en 2021.
Depuis une dizaine d’années, pour rééquilibrer les comptes
des systèmes de retraite, les gouvernements successifs cherchent par tous les
moyens à limiter cette indexation sur l’inflation. Sous François Hollande, un
gel des pensions a été décidé en 2014 et 2016, ce qui est passé presque
inaperçu à cause de la faible inflation de ces années-là (respectivement 0,5 %
et 0,2 %).
Une autre astuce gouvernementale est de décaler de quelques
mois la revalorisation : au 1er avril une année, au 1er octobre l’année
suivante, puis au 1er janvier de l’année encore d’après, ce qui permet dans les
faits d’économiser une année de revalorisation…
Mais c’est la hausse des prélèvements pesant sur les
pensions, et non pas l’indexation, qui explique la majorité de la perte de
pouvoir d’achat des retraités, au point que, si leur niveau de vie reste (en
moyenne) supérieur à celui des actifs (en moyenne aussi), cela pourrait ne plus
être le cas avant 2030.