@Séraphin Lampion
S’il est évident que « La Ferme des Animaux » est
une attaque frontale de Staline caricaturé en porc (surnommé Napoléon, ce qui n’a
pas la même connotation pour un Anglais que pour nous), ce n’est pas si simple
pour 1984.
Avant 1984, Orwell avait publié « Le Quai de Wigan « où
il décrivait les foyers ouvriers misérables dans le Yorkshire ou les chômeurs
de Middlesbrough. Il a été adhérent du Parti travailliste indépendant, et a
combattu dans les milices révolutionnaires du POUM pendant la guerre civile
espagnole. C’était un socialiste « de terrain ». La droite conservatrice était son
adversaire politique, ce qui ne l’empêchait pas d’être exigeant avec la gauche
dont il avait critiqué les tendances à être hors sol dans son roman « Et
vive l’Aspidistra ». Il craignait autant la « gauche morale » satisfaite,
qu’il soupçonnait de faire le lit du totalitarisme (à travers le conférencier «
anti-Hitler » ridicule de Un peu d’air frais) en 1938, et il détestait certains
communistes « de salon » dont Jean-Paul Sartre était pour lui l’archétype.
Mais s’il combattait l’autoritarisme au sein des mouvements
d’obédience socialiste, il n’acceptait pas d’être récupéré par la droite, ce
qui a été surtout le fait de l’accueil nord-américain de 1984 qui a présenté
dans les médias l’ouvrage comme une condamnation du système communiste lui-même
alors qu’il s’agissait avat tout de mettre en garde ses compatriotes sur les
dérives possibles de mouvements politiques dont il faisait partie.