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Commentaire de TuYolPol

sur Chômage, dividendes et Constitution d'origine citoyenne


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TuYolPol (---.---.32.32) 20 mai 2006 15:39

« Le marché n’a rien de religieux. Il existe, c’est tout » Le marché existe, mais le dogme du marché n’est pas le marché, c’est pour cela qu’il n’est pas idiot de parler du dogme religieux du marché.

Le marché réel est le cadre, la réalité des échanges, le théâtre des négociations.

Le dogme consiste à prétendre que si le marché se régule tout seul dans un sens globalement croissant, avec l’implicite que toute croissance est bonne, il faut donner priorité à la fluidité. Tout le dogme est dans le réglage de cette priorité. Dans le dogme il y a des implicites philosophiques et moraux : prééminence de la liberté sur la solidarité, de l’individu sur la collectivité, de la performance sur l’éthique.

Sans porter ici de jugement moral, on peut observer que les antagonismes, les contraintes, les préférences morales, font aussi partie de la réalité. La réalité du marché réagit à ces forces, tandis que le dogme du marché semble les refuser.

Que des exigences morales se fassent entendre assez bruyamment, qui cherchent à changer certains rapports de force, que certains commence à croire que le pouvoir échappe à tout contrôle démocratique, que beaucoup de gens réfutent cela, il faut bien admettre que c’est réel, que ça existe, sans entrer dans l’arbitrage entre qui a raison et qui a tort.

Et c’est souvent par dogmatisme que certains défenseurs du marché (pardon, du dogme) ont tendance à réfuter trop systématiquement toutes régulations, limitations, contraintes.

Peut-être que tout système explore tout son espace, jusqu’à ce qu’il rencontre ses contraintes. Or l’espace du marché dérégulé rencontrera des contraintes bien plus dure et bien moins négociées, par exemple les contraintes démographiques, ou écologiques. Sans parler des contraintes psycho-sociologiques, car le corps social souffre, en France mais pas seulement, et se plaint. Raison ou tort n’est pas la question, il est mal.

Je ne pose pas la question à votre analyse, mais à votre sentiment : trouvez-vous que les choses vont de plus en plus mal ou de mieux en mieux ? Le « Baromètre politique français » (2006-2007) du Cevipof montre que les français sont pessimistes. Je n’avais pas ce sentiment dans les années 70. Globalement, les gens étaient plus optimistes, plus confiants. Que s’est-il passé ? Nous n’aimons plus le monde ?

Ici je parle pour moi : je n’aime plus le monde, moi, depuis que je vois partout l’agression quasi permanente de la « loi libérale ». C’est mon pathos à moi, et je crois que je suis loin d’être le seul.

Il faudra bien que les libéraux voient cela aussi, eux qui prétendent, comme nous tous, se creuser les méninges pour le bien commun. Je n’appelle pas cela un système qui marche, et il y a de fortes présomptions que même sa cohérence interne soit fragile : je veux dire, au-delà du pathos social, l’autodestruction est aussi plausible.

Il est temps donc de s’écouter, entre gens de bonne volonté qui avons des choses à exprimer. Car même le sentiment, le symbolique, est important. On peut toujours aligner des chiffres, s’empoigner sur le partage de la valeur ajoutée, en invoquant une soi-disant vérité, on ne peut pas ignorer la souffrance des gens. Et ils souffrent.

Beaucoup de choses ont été écrites sur la carence symbolique d’un monde réduit au marché. Nous en observons des effets plausibles à travers la violence et l’individualisation, qui sont peut être liés.

Je dirais volontiers qu’on n’a pas vu passer le point d’équilibre entre libéralisme et socialisme. Qu’une des clés en est l’explosion des flux financiers internationaux : du pouvoir à l’état pur, sans contrôle, ou presque. C’est là qu’on s’est fait avoir.


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