Merci @Rosemar, pour cet article intéressant, car il nous rappelle les liens entre le patriarcat de Moscou et la direction de l’Etat russe. Les deux ont trouvé un profit aussi bien personnel qu’institutionnel dans cette symbiose, dont les prémices remontent à l’époque de Boris Eltsine. Pour cimenter la société, il fallait de toute urgence trouver un substitut à l’idéologie soviétique mise au rebut.

Mais je pense qu’il aurait fallu parler des limites et surtout des conséquences de cette association en ce qui concerne le destin de l’église orthodoxe russe. Les événements de 2014 avaient déjà résulté en la reconnaissance, par Constantinople, d’une église autocéphale d’Ukraine sous l’égide du patriarcat de Kiev. La guerre soutenue par Kirill Goundiaiev pousse les communautés ukrainiennes rattachées au patriarcat de Moscou à le quitter pour le patriarcat de Kiev. Il y a un chiffre que j’avais lu, mais que je n’arrive pas à retrouver. Il disait que les deux tiers des paroisses du patriarcat de Moscou se trouvaient en Ukraine. Si le plan de Vladimir Poutine avait réussi, alors le pari de Kirill aurait été stratégiquement pertinent. Mais on s’achemine vers des conséquences dévastatrices en ce qui concerne la puissance du patriarcat de Moscou. Je laisse chacun spéculer sur les raisons qui font que Kirill Goundiaiev ne cherche pas à éviter le naufrage.

À l’étranger, les résultats seront tout aussi, si ce n’est plus, funestes. A titre d’exemple, l’Église orthodoxe russe d’Amsterdam a coupé les liens avec le Patriarcat de Moscou.
À Paris, le métropolite Jean de Doubna, archevêque à Paris des églises orthodoxes russes en Europe occidentale, officiant dans l’historique cathédrale russe St Alexandre Nevski condamne les positions pro-guerre de Kirill.

Finalement, le mandat de Kirill pourra peut-être avoir été marqué par un paradoxe : une prospérité matérielle et une prépondérance rapidement et splendidement retrouvées avant un effondrement, encore plus subit, de sa représentativité et de son influence.