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Commentaire de velosolex

sur La vérité à l'épreuve de la Russie, de l'Ukraine et de l'OTAN


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velosolex velosolex 12 mai 2022 16:50

@grangeoisi

En 2004, Anna Politkovskaïa, journaliste de Novaïa Gazeta, avant d’être assasinnée avait écrit un livre intitulé La Russie de Poutine. Il avait aussitôt été publié en anglais et assez rapidement traduit dans la plupart des langues européennes notamment en France chez Buchet-Chastel en 2005. Anna Politkovskaïa y donne un portrait exhaustif de Vladimir Poutine.

 « Longtemps je me suis demandé ce qui a provoqué ma révolte féroce contre Poutine. Pourquoi l’ai-je pris en grippe au point d’écrire un livre. Pourtant je ne suis pas son opposant ni son adversaire politique, je suis tout simplement une citoyenne vivant en Russie. Je ne suis qu’une Moscovite de 45 ans, c’est-à-dire que j’ai connu l’Union soviétique à l’époque du point culminant de sa décadence communiste des années 1970-1980 et je n’ai pas du tout envie de me retrouver de nouveau à cette période…

Je mets un point final à mon livre ce 6 mai 2004, précisément ce 6 mai. Demain tout sera fini. Les élections du 14 mars n’ont pas donné lieu au miracle de la contestation de leur résultat ; l’opposition a tout accepté et s’est soumise. C’est pourquoi demain est le jour de la cérémonie d’investiture de Poutine II, élu président par une folle majorité de voix de ses concitoyens – plus de 70 % ; et même si on soustrait 20 % de voix ajoutées par les fraudes, il y en a tout à fait assez pour la présidence en Russie.

La revanche soviétique est devenue évidente avec la venue et la prise de pouvoir de Poutine. Avouons que c’est arrivé non seulement à cause de notre négligence et de l’apathie causée par la fatigue de nos éternelles révolutions. C’est arrivé sous les cris de bienvenue de l’Occident. Premièrement de Silvio Berlusconi [président du Conseil italien], le quasi-amoureux de Poutine et son principal avocat en Europe. Mais aussi de Tony Blair [le premier ministre britannique], Gerhard Schröder [le chancelier allemand], Jacques Chirac [le chef de l’Etat français], sans oublier le fils Bush [le président des Etats-Unis]. Aucun obstacle ne se dressait devant l’entrée de notre tchékiste [surnom toujours donné aux agents de la police politique ; anciennement Tchéka de 1917 à 1922] au Kremlin. Ni l’Occident. Ni une opposition importante à l’intérieur du pays. Petite digression : pour ne plus parler de Poutine mais de nous autres, le public russe. Les pro-Poutine, les gens qui le poussent en avant, qui ont intérêt à le voir monter pour la seconde fois sur le trône, les gens qui constituent aujourd’hui l’administration du président qui dirige de facto le pays et non pas le gouvernement (simple exécutant de la volonté du président), ni le Parlement (qui produit les lois voulues par le président), ces gens suivent avec beaucoup d’attention la réaction du public. C’est faux de penser qu’ils s’en fichent.Et de constater : les responsables de tout ce qui se passe, c’est nous. Nous d’abord. Pas Poutine. Notre attitude vis-à-vis de Poutine, qui se moque cyniquement de la Russie, notre attitude, qui se limite à des « bavardages de cuisine », a permis à Poutine de transformer sans entrave le pays durant les quatre dernières années. L’apathie dont fait preuve la société est incommensurable. Et elle est une indulgence pour Poutine pour les quatre années à venir. Nous avons réagi à ses actions et à ses discours non seulement avec mollesse, mais avec peur. Et cette peur qui est la nôtre, nous l’avons montrée aux tchékistes, enracinés dans le pouvoir. Et cela n’a fait que renforcer leur désir de nous traiter comme du bétail."


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