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Commentaire de velosolex

sur La vérité à l'épreuve de la Russie, de l'Ukraine et de l'OTAN


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velosolex velosolex 12 mai 2022 17:01

@nono le simplet
Salut. Content de trouver des trraces d’humanité en toi. Cette guerre est un révélateur de l’immonde. Certains n’ont pas même le prétexte de la propagande pour se rouler dans la fange et le sang des vicitimes. Je te met un texte en copié collé que j’ai trouvé dans libé, qui couvre très bien la guerre en Ukaine. Traduit d’un journal russe interdit . En deux livraisons pour qu’il passe. 

Cet article est paru dans Novaya Gazeta Europe, journal fondé début avril hors de Russie par quelques membres de la rédaction de Novaya Gazeta à Moscou, après la cessation de ses activités en raison de la répression du Kremlin contre les médias indépendants critiques de la guerre en Ukraine. Libération s’associe à ce journal en ce très symbolique 9 mai.

Vladimir Poutine est né sept ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il a été élevé dans le mythe brejnévien de la « Grande Victoire ». Peu instruit, Poutine aime citer les films soviétiques et de vieilles anecdotes. Les manuels qu’il lisait jeune racontaient la Seconde Guerre mondiale comme un conte de fées où le héros, le peuple russe, terrasse un monstre en suscitant l’envie du monde entier. Cette fable fait l’impasse sur une grande partie de la réalité, à commencer par le pacte Molotov-Ribbentrop. Le conflit avec la Finlande est aussi oublié, tout comme l’occupation des pays Baltes. Ces manuels font état de la campagne de libération par l’Armée rouge dans l’ouest de l’Ukraine et du Bélarus, mais pas de la déportation d’un million de Polonais de l’est de la Pologne. La tragédie sanglante de la bataille de Rjev n’y a pas sa place (seules les victoires près de Moscou et de Stalingrad sont citées, avant le « tournant décisif dans le conflit »). Le conte de fées de Poutine est étroitement lié à son destin : à la fin, il s’est retrouvé en Allemagne de l’Est, après la « libération » des pays qui étaient devenus des futures « démocraties populaires » où il avait pour mission de combattre les ennemis de l’Occident. A un moment donné, il a décidé qu’il ne céderait jamais le pouvoir. Il a menti à chaque élection, prétendant qu’elle serait sans doute sa dernière, et qu’il ne changerait en aucun cas la constitution russe de 1993 limitant l’exercice présidentiel à deux mandats. Pour rester au pouvoir, Poutine a tout d’abord permis aux citoyens de s’enrichir du mieux qu’ils le pouvaient grâce à la rente pétrolière. La plupart n’en ont reçu que quelques gouttes mais, dans la seconde moitié des années 2000, la Russie est plus riche qu’elle ne l’avait jamais été. Ensuite, la croissance économique s’est arrêtée, et pour rester au pouvoir, tout en gardant le contrôle sur les recettes pétrolières, Poutine a eu recours à la propagande. Sa théorie sur le caractère exceptionnel de son règne s’est initialement construite autour des « valeurs traditionnelles », le leader irremplaçable devenant alors le seul défenseur de la Russie face à l’occidentalisation et aux mœurs dissolues des Européens...Ce discours n’a d’ailleurs rien de singulier, puisque en Hongrie, Viktor Orban déploie la même rhétorique. Poutine est lui-même devenu un consommateur de sa propre propagande, qui raconte des fables sur son régime. Il s’est cru investi d’une mission spéciale : reconstituer la « grande Russie », plutôt que l’URSS – car personne ne voudrait rétablir le communisme, inventer je ne sais quelle idéologie ou recoloniser l’Asie centrale, source de main-d’œuvre bon marché pour l’économie russe. Cette grande Russie a commencé à revendiquer le statut de « troisième puissance mondiale » et, si l’on considère que l’Union européenne est l’un des satellites des Etats-Unis, qui est une grande puissance, nous imaginons bien que la grande puissance de Poutine ait ses propres satellites.En 2011, son régime s’est aventuré sur un terrain dangereux lorsque à l’occasion du rassemblement sur la place Bolotnaïa, la classe moyenne moscovite s’est prononcée pour une « valeur non traditionnelle », à savoir la démocratie. En 2014, l’Ukraine est sortie de la « sphère d’influence » de la Russie, en participant au mouvement Maïdan, pro-européen. Les « valeurs traditionnelles » de Poutine reposaient essentiellement sur l’homophobie et sur le mythe de la victoire de la Seconde Guerre mondiale, mais il est vite apparu que le régime d’un homme fort ne peut pas se fonder sur l’homophobie. Restait le mythe de la guerre.


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