Le rêve de tout entrepreneur libertarien (notion plus claire
que celle de « néolibéral ») est de minimiser les charges de
production pour maximiser le profit. Or, la masse salariale représente un poids
considérable dans le budget de fonctionnement, et l’innovation (qui se résume
le plus souvent à l’automatisation des process) permet de tendre vers une
suppression pure et simple du salariat, générateur pas ailleurs d’aléas
sanitaires et syndicaux peu compatibles avec la bonne marche de l’institution,
qu’il s’agisse de services ou ou de transformation de marchandises.
Le hic qui n’est jamais pris en compte par les théoriciens,
c’est que les salariés sont aussi les consommateurs. Contrairement à ce que
croit Nicolas Hulot qui pense avoir inventé la poudre, toute économie est « circulaire ».
Les gros malins sont ceux qui prélèvent le gras quand le plat passe devant eux.
Et s’il n’y a plus de consommateurs, par suppression des salaires, il n y aura
plus de gras (et plus de maigre non plus). Même Ford qui n’était pas vraiment
de gauche et qui avait mis en pratique le taylorisme avait compris que ses
ouvriers devaient être bien payés pour pouvoir acheter ses voitures. Cette
logique ne fait plus parties des doctrines prônant l’innovation. C’est que,
depuis Ford, le mondialisme a fait des ravages et rendu indiscernable l’origine
de la création des richesses.