Excellent, merci.
La différence entre une série télévisée et la vraie vie,, c’est que dans le premier cas (comme quand on lit une dystopie du genre 1984 ou Le Meilleur des Mondes), on se dit qu’on est bien content que la réalité ne soit pas comme ça, et les plus lucides espère que ce ne sera jamais les cas. Mais ça n’empêche pas de continuer à vaquer à ses occupations habituelles, allers au bistrot et au resto, au cinéma, et à courir le guilledou non masqué.
Dans le deuxième cas, quand les horreurs de la fiction sont dépassées par la réalité, non seulement c’est pénible à supporter, mais en plus ça annihile les perspectives d’avenir et les convictions par rapport à l’idée de progrès de l’humanité quand on avait ces illusions utopiques. Et là, c’est déprimant.
Ça rappelle le plan NExT chez France-Telecom (devenu Orange)
entre 2006 et 2011, plan de « redressement » de l’entreprise qui
visait au départ en trois ans de 22 000 des 120 000 salariés dans un contexte
d’ouverture à la concurrence. On dirait que ce plan d’entreprise sert de modèle
aux méthodes gouvernementales actuelles, en France et ailleurs.
Il s’agissait d’un management violent consistant à dégrader
les conditions de travail, afin de pousser psychologiquement une partie des
employés au départ volontaire et réduire de cette façon les indemnités à payer.
Les « managers » avaient pour objectif d’inciter
des salariés à démissionner, d’en muter dans d’autres secteurs de la fonction
publique ou de signer des congés de fin de carrière. Des stages apprenaient à
ces managers des schémas sur les courbes
du deuil qui définissaient six étapes par lesquelles passait tout salarié
qui se voyait annoncer la suppression de son poste :
- l’annonce de la mutation,
- le refus de comprendre,
- la résistance,
- la décompression pouvant aller jusqu’à la
dépression,
- la résignation
- l’intégration du salarié
Ce harcèlement s’est très mal terminé par des suicides, et
ces méthodes identifiées sont supposées interdites aujourd’hui. Il semble
pourtant qu’elles aient fait des émules chez les technocrates de la « société
civile ».