Interessant
parce que vous posez la question centrale de la notion de conscience.
Voici une façon (qui devrait être enseigné en cours de
français ! ) d’explorer une question par permutation des termes
de la relation :
on a dans le texte :
« … les gens choisissent
volontairement de connecter leur vie à des géants du
commerce mondial [...] Ce sont des actes délibérés de notre
part, mais avons-nous vraiment conscience de cette emprise ? »
On voit le paradoxe : y a t-il
volonté et délibérration sans conscience avérée ?
on permute :
« … les géants du commerce
mondial choisissent volontairement de se connecter à la vie
des gens [...] Ce sont des actes délibérés de leur part,
mais ont-ils vraiment conscience de cette emprise ? »
là, à la question permutée, la
réponse bête et méchante semble évidente « oui, les
géants en ont conscience, c’est pour leurs intérêts ».
Or c’est pas si simple ! Car il y a un problème avec cette
notion valise de conscience !
Pour les gens connectés c’est la conscience de soi, personne sujet, qui est interrogée par
elle-même
Pour les géants connecteurs c’est la conscience des
gens, individus objets, qui est systémisée par le projet de
constitution d’une exo-conscience logicielle collective et
substitutive, d’une délibération déléguée à la machine, d’un
choix calculé par le réseau des capteurs comportementaux.
Mais
les entrepreneurs du « système d’emprise » sont
eux-mêmes des gens comme les autres, assujétis à leurs propres
systèmes, objets de leur propre industrie ! De sorte qu’on ne
sait plus localiser la notion de conscience, délimiter la notion de
personne, distinguer le sujet de l’objet, le capteur du capté....
Donc voilà : qui a conscience de
quoi, dans le « système » des objets connectés ? on
ne sait pas, peut-être le système lui-même est-il entrain de
s’autonomiser comme Marx avait expliqué le Capital comme système
sujet autonome de sont propre déploiement : en fait il n’y a
pas de pilote dans l’avion ni dans la voiture !
Gare au crash
mondial !