• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Z

sur Energie : pas assez chère, mon fils !


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Z (---.---.142.118) 21 mai 2006 14:16

Scipion,

Votre dernier message est assez éclairant sur votre façon de voir les choses et votre démarche, merci d’avoir pris le temps d’expliciter un peu votre point de vue.

J’ai l’impression que vous tombez vous-même dans les travers que vous critiquez chez les autres. Vous reprochez aux autres leurs convictions alors que vous-mêmes êtes remplis de convictions. Dès lors, la posture d’observation et de « [recherche de la compréhension des] mécanismes de la pensée de ceux qui professent des idées contraires aux [vôtres] », que vous revendiquez, est faussée. Car il y a parallélisme de situation, et non pas distance par rapport au sujet d’étude, et elle seule permet l’étude justement. Votre théorie (« derrière les plus tonitruantes déclarations, il n’y a rien, les plus tapageuses indignations sont profondément théâtrales, bref, l’homme, c’est d’abord du vent »), valable dans beaucoup de cas en effet, est devenue pour vous un dogme, une conviction, valable pour tous les humains, dans tous les cas. Vous n’en doutez jamais. Je pourrais dire que cette prédisposition vous prive de tout esprit critique. Cela vous rappelle quelque chose ? Vous avez entamé une libération de votre propre esprit, que vous semblez avoir stoppée aussitôt, trop fier que vous êtes d’avoir fait ce constat et de vous sentir plus intelligent.

En ce qui concerne les arguments que je vous ai avancés sur le bien-fondé de la taxe, même appliquée seulement en France, tout ce que vous avez trouvé à répondre, c’est « Bof ! Conjectures ! » et « Bof bis ! Spéculations ! ». S’agissant du futur, comment pourrait-il s’agir d’autre chose que de conjectures et de spéculations ? Alors quand vous écrivez « Vous pouvez dire n’importe quoi, les gens n’en tiennent aucun compte, ou plutôt refusent d’en tenir compte... », j’ai du mal à ne pas penser que cela s’applique en premier lieu à vous. Et quand vous dites : « Si l’un d’eux avait, une seule fois, pensé »Et si c’était ce con-là qui avait raison...« , je m’en serais aperçu parce qu’il m’aurait servi le raisonnement qu’il aurait opposé à son doute intempestif... », c’est assez rageant, car ce raisonnement vous a été servi, et vous n’en avez pas tenu compte, parce que VOUS ne doutez jamais.

Vous reprochez aussi l’absence de concret : « D’autant plus qu’ils ont une sainte horreur de tout ce qui est concret... Agiter des idées ? Oui ? Envisager leur mise en application et ses conséquences ? Jamais ! J’en trouve la confirmation ici, tous les jours... ». Pour ce cas précis, vous vous trompez. En résumé :
- Jancovici et Grandjean ont la conviction que mettre en place une taxation progressive des énergies fossiles afin d’inciter les gens, par le porte-monnaie, à en consommer moins, est une démarche positive et urgente, car une fois mise en place, cette taxation permettrait de a) diminuer les émissions de gaz à effet de serre et ralentir ainsi le changement climatique, qui est l’un des grands dangers des décennies qui viennent, et b) réduire progressivement l’addiction des gens au pétrole, plutôt que d’attendre des chocs pétroliers.
- Cette taxation ne pourra être mise en place (en France sans doute dans un premier temps) que si suffisamment de personnes (politiques et électeurs) sont informés et convaincus qu’il s’agit d’une bonne chose. Donc Jancovici et Grandjean écrivent « Le plein s’il vous plaît » pour, d’une part, présenter l’idée de la taxation, et d’autre part, convaincre les gens de sa nécessité. Les esprits chagrins pourront TOUJOURS dire qu’ils ont écrit le livre pour se faire mousser et se faire des thunes. Surtout si l’esprit chagrin en question semble complexé par le fait que les auteurs soient polytechniciens.
- Certains lecteurs du livre sont convaincus, effectivement, de cette nécessité, et en déduisent qu’il serait souhaitable que le plus grand nombre de personnes lisent le livre. D’où cet article sur Agoravox, à mon avis. D’où les nombreux internautes qui parlent de ce livre sur la plupart des forums où il est question d’énergie et d’environnement. Et ce depuis quelques mois, donc je pense qu’on en entendra parler encore un peu plus que 15 jours.

Tout cela découle d’une démarche qui me semble cohérente. Toutes les réponses aux objections de ceux qui n’ont pas lu le livre se trouvent dans le livre, à mon avis. Comme ces objections sont archi-connues (notamment pas les auteurs du livre, dans lequel tout est pesé, balancé) et que sur ce genre de forums, quand on répond à une de ces objections, soit cette réponse n’est pas prise en compte, soit vient immédiatement une autre objection, il est beaucoup plus efficace (comprendre : moins épuisant) d’inciter les gens à lire le livre de Jancovici et Grandjean plutôt que de tout réexpliquer à chaque fois (même si « enseigner, c’est répéter »).

Cela dit, je comprends très bien le fait que ceux qui n’ont pas lu le livre ne voient pas a priori la cohérence de cette démarche. Car pour acquérir la conviction (ce qui est différent de seulement renforcer des a priori, c’est la différence entre convaincre et persuader, entre conviction et croyance, différence que vous ne voulez apparemment pas faire), il faut plus qu’un article d’Agoravox et quelques commentaires après. Il faut 200 pages environ.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès