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Commentaire de velosolex

sur EAF 2022 : Explication d'un texte de Sylvie Germain


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velosolex velosolex 24 juin 2022 00:55

@Robin Guilloux
La dictée a été jugée à tort science des imbéciles, et moi même, dans mon adolescence, j’étais comme tant d’autres assez bête et provocateur surtout pour faire semblant d’y croire. Mais c’est oublier que l’intelligence d’un texte, sa saveur, et même son odeur, vit et respire par la musique des phrases, et autant par l’orthographe, et les règles de grammaire qui les gouvernent.
Même Rimbaud, le grand révolté, était très doué en rhétorique, et s’il prenait des libertés avec la prose officielle, respectaient les accords de la langue, et davantage les règles grammaticales que celles de la bonne société. 
Voilà que la déconstruction s’est abattue sur le genre masculin et féminin, tenant d’imposer la presence assermentée du féminin à coté du masculin, oubliant que le neutre était prévu globalement à cet usage.
La musique disparait alors devant le tambour major, dans cette catastrophe qu’on appelle « écriture inclusive ». On est sommé de marcher au pas, comme à l’époque maoiste devant les nouveaux commissaires du peuple, qui ont décidé de faire table rase du passé, passant les textes à la moulinette du genre, version législative aseptisée. J’ai bien peur que la fin du monde soit bien triste, disait Brassens. 
Quand à ce monde panthéique, dépeint par toute cette vague d’écrivains du vingtiième siècle qui eurent peut être conscience de peindre un univers qui disparaissait, il est bien difficile de le retrouver aujourd’hui, en traversant le pays. Houellebecq nous en parle. C’est la nouvelle moulure de Céline, un monde désenchanté et froid, cynique et cruel, sans sens autre que celui donné par les algorythmes, et les biens de consommation. 
Il y a sans doute encore des enfants pour admirer la prose de Sylvie Germain. Mais ils ont droits au respect, de trouver alors ce chemin perdu au milieu du bitume. Tant ce récit fait écho de façon anthropologique avec un monde disparu. 


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